Olaf Scholz et Emmanuel Macron ont affiché leur « unité » vendredi à propos de l’aide à l’Ukraine, après des semaines de vives tensions sur la stratégie à adopter face à Moscou, lors d’un sommet à Berlin avec le premier ministre polonais, Donald Tusk.
« Aujourd’hui plus que jamais, notre unité fait notre force, et, surtout, nos trois Etats, l’Allemagne, la Pologne et la France, portent une responsabilité particulière », a déclaré le chancelier allemand. « Nous allons notamment acheter encore plus d’armes pour l’Ukraine, et ce sur l’ensemble du marché mondial », s’est-il félicité à l’issue de la réunion.
Les trois pays sont « unis, déterminés » et « résolus à ne jamais laisser gagner la Russie et à soutenir le peuple ukrainien jusqu’au bout », a déclaré en écho le président français. « Nous continuerons, comme nous l’avons fait depuis le premier jour, à ne jamais prendre l’initiative de quelque escalade », a-t-il ajouté devant la presse, comme pour rassurer ses alliés après ses propos qui avaient semé le trouble, à la fin de février, sur la possibilité d’envoyer à l’avenir des troupes en Ukraine.
La médiation de Donald Tusk a peut-être aidé à apaiser les tensions. Le premier ministre polonais, ex-président du Conseil européen, a balayé vendredi les « rumeurs malveillantes » sur les désaccords. Les trois dirigeants, qui se réunissent sous un format connu sous le nom de « triangle de Weimar », se retrouveront lors d’un sommet européen à Bruxelles les 21 et 22 mars. Puis en Pologne au début de l’été, a annoncé Donald Tusk.
Une phase d’échanges acerbes
Cette rencontre devait clore une phase d’échanges acerbes qui ont suivi la conférence de soutien à l’Ukraine organisée à Paris le 26 février, fragilisant le message d’unité des Occidentaux face à Moscou. Olaf Scholz a catégoriquement rejeté l’éventualité d’envoyer des militaires sur le sol ukrainien.
Les dissonances étaient montées d’un cran la semaine dernière quand Emmanuel Macron avait estimé à Prague que l’Europe entrait dans un moment « où il conviendra de ne pas être lâches ». Et le président français a encore insisté jeudi soir, juste avant son déplacement à Berlin, en affirmant que ceux qui posent « des limites » à l’engagement pour soutenir l’Ukraine « ne font pas le choix de la paix mais font le choix de la défaite ».
Le dirigeant allemand, qui craint l’escalade du conflit, est critiqué par plusieurs de ses alliés et au sein même de sa majorité pour son refus de livrer des missiles à longue portée Taurus, car leur réglage nécessiterait, selon lui, l’intervention de militaires allemands.
Geste symbolique ? Vendredi, c’est lui qui a confirmé la mise en place d’une « nouvelle coalition de capacités pour l’artillerie à longue portée » en faveur de Kiev, déjà évoquée à Paris à la fin de février par le président français.
Querelle sur fond d’élections européennes
La querelle au sein du couple franco-allemand tombait mal, au moment où les forces russes progressent dans l’est de l’Ukraine, en raison notamment de l’essoufflement de l’aide occidentale à Kiev.
Olaf Scholz ne cesse de répéter que l’Allemagne est le plus grand contributeur européen en valeur absolue d’aides financières et militaires à Kiev, loin devant la France. Et il appelle régulièrement certains alliés européens à en faire plus, visant aussi indirectement Paris.
L’approche des élections européennes interfère dans la stratégie des deux dirigeants, attentifs à leurs opinions publiques, jugent les observateurs.
Olaf Scholz, en chute libre dans les sondages, subit des pressions au sein de son parti social-démocrate, très attaché à sa tradition pacifiste. Une majorité d’Allemands, selon un récent sondage, est par ailleurs opposée à la livraison de missiles Taurus. Le camp d’Emmanuel Macron axe sa campagne pour les européennes sur le soutien à l’Ukraine, accusant l’extrême droite, favorite du scrutin, de positions pro-Kremlin.
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