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Des enfants marchent dans les ruines de maisons détruites par des frappes aériennes dans le camp de réfugiés Al Shati, à Gaza.

Gaza : l’eau se fait rare et les craintes d’apparition de maladies d’origine hydrique se multiplient

© UNICEF/Mohammad Ajjour
Des enfants marchent dans les ruines de maisons détruites par des frappes aériennes dans le camp de réfugiés Al Shati, à Gaza.

Gaza : l’eau se fait rare et les craintes d’apparition de maladies d’origine hydrique se multiplient

Paix et sécurité

Alors que plus d’un million de personnes ont fui dans la panique le nord de la bande de Gaza en raison de raids aériens et de la perspective d'une offensive israélienne, l’enclave palestinienne est en train de plonger dans une grave crise humanitaire, notamment liée à l’eau, ce qui pourrait entraîner « l’apparition de maladies d’origine hydrique ».

« Les partenaires du cluster WASH estiment que la consommation moyenne d’eau, toutes sources confondues et pour tous les besoins, est tombée à seulement trois litres par jour et par personne, ce qui aggrave les craintes de déshydratation et d’apparition de maladies d’origine hydrique, dont le choléra », a indiqué dans son dernier rapport, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). 

« Si l’on considère la question de l’eau - nous savons tous que l’eau, c’est la vie - Gaza manque d’eau et Gaza manque de vie.  Pas une goutte d’eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n’a été autorisé à entrer dans la bande de Gaza au cours des huit derniers jours », a d’ailleurs dit lors d’une conférence de presse dimanche au quartier-général de l’Agence des Nations Unies chargée des réfugiés palestiniens (UNRWA) à Jérusalem, le Commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini.

Fermeture de la dernière station d’épuration encore opérationnelle

Selon l’agence onusienne, qui abrite dans des abris d’urgence près de la moitié des personnes qui ont fui leur foyer, le plaidoyer se poursuit au plus haut niveau pour obtenir un accès humanitaire aux fournitures essentielles prépositionnées afin qu’elles puissent entrer à Gaza par Rafah, y compris la nourriture, l’eau, les fournitures médicales, le carburant et les articles non alimentaires.

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Pour le cinquième jour consécutif, Gaza n’a pas d’électricité. 

Selon l’ONU, cela met les services vitaux, notamment la santé, l’eau et l’assainissement au bord de l’effondrement et aggrave l’insécurité alimentaire.

« Les habitants de Gaza ont un accès très limité à l’eau potable. En dernier recours, les gens consomment de l’eau saumâtre provenant de puits agricoles, ce qui suscite de vives inquiétudes quant à la propagation de maladies d’origine hydrique », a alerté l’agence onusienne. 

L’UNRWA à Gaza a trouvé un peu d’eau dans les magasins locaux, mais les rations sont toujours réduites à un litre d’eau par personne et par jour pour les équipes de l’UNRWA dans la base logistique de Rafah (pour couvrir les besoins en eau potable et tous les autres besoins).

Dimanche, la seule station d’épuration de Gaza encore opérationnelle (sur cinq), qui fonctionne à l’énergie solaire, a dû être fermée en raison des conditions météorologiques. Par conséquent, des quantités supplémentaires d’eaux usées non-traitées ont été déversées dans la mer.

Consommation d’eau saumâtre extraite de puits agricoles 

Selon OCHA, la plupart des 65 stations de pompage des eaux usées ne sont pas opérationnelles, ce qui accroît le risque d’inondation. Dans certaines zones, les eaux usées et les déchets solides se sont accumulés dans les rues, posant des risques pour la santé et l’environnement.

D’autre part, la dernière usine de dessalement d’eau de mer desservant le centre et le sud de la bande de Gaza a fermé le dimanche, faute de carburant.

C’est dans ce contexte qu’Israël a renouvelé dimanche son approvisionnement en eau pour une ligne desservant l’est de Khan Younis. 

Selon OCHA, les principaux fournisseurs d’eau potable sont désormais des vendeurs privés, qui exploitent de petites usines de dessalement et de purification de l’eau, fonctionnant principalement à l’énergie solaire. 

« Certaines personnes ont eu recours à la consommation d’eau saumâtre extraite de puits agricoles », a détaillé l’agence onusienne. 

Plus largement, l’ensemble des agences et du personnel humanitaires ont été confrontés à des contraintes majeures dans la fourniture de l’aide humanitaire, « en raison des frappes aériennes, des restrictions de mouvement et des pénuries d’électricité, de carburant, d’eau, de médicaments et d’autres produits essentiels ».

Générateurs de secours

Pour le cinquième jour consécutif, Gaza a connu dimanche une coupure totale d’électricité, suite à l’arrêt par Israël de son approvisionnement en électricité et en carburant à Gaza le 7 octobre, ce qui a entraîné la fermeture de l’unique centrale électrique de Gaza. Les infrastructures de services essentiels fonctionnent actuellement grâce à des générateurs de secours.

Sur le plan sanitaire, vingt des 23 hôpitaux gouvernementaux et ONG sont partiellement opérationnels et continuent de traiter une moyenne de 1.000 patients blessés par jour, dépassant de loin leur capacité. Les réserves de carburant des hôpitaux ne devraient pas durer plus de 24 heures. L’arrêt des générateurs de secours mettrait immédiatement en danger la vie de milliers de patients. 

« Les hôpitaux de Gaza risquent de se transformer en morgues sans électricité », a averti le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Les partenaires continuent de s’approvisionner sur le marché local pour soutenir le fonctionnement des hôpitaux. Le personnel d’appoint reste présent dans les hôpitaux pour aider à la gestion des cas. Les ambulances et les équipes médicales d’urgence continuent d’opérer malgré les risques et l’environnement difficile.