Elle s'appelait Yalda Aghafazli. Et elle avait courageusement manifesté dans les rues de Téhéran, à la suite de la mort de la jeune Mahsa Amini le 16 septembre 2022, après son arrestation pour quelques mèches dépassant de son voile.

Le 26 octobre, Yalda Aghafazli fut arrêtée à son tour à la capitale iranienne. Incarcérée dans la prison d'Evin durant trois jours, elle fut transférée à celle pour femmes de Qarchak du 29 octobre au 9 novembre, jour de sa libération.

Yalda Aghafazli, torturée en détention

Onze jours de détention au total, comme le relaie sur Twitter Farid Vahid, Directeur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient de la Fondation Jean Jaurès. Et puis, une poignée de jours après sa sortie, le 11 novembre dernier, Yalda Aghafazli est retrouvée morte chez elle. Elle n'avait que 19 ans et a mis fin à ses jours. La police iranienne parle d'"overdose" pour évoquer les causes de sa mort, informe IranWire ce 13 novembre.

Dans une note vocale envoyée à un proche, publié par la BBC Persian, cette jeune artiste affirmait avoir été torturée et battue pendant sa détention. Elle raconte également que 40 membres des forces de l'ordre l'ont attaquée lors de son arrestation, et avoir refusé de regretter d'avoir manifesté en interrogatoire, devant ses geôliers.

D'après IranWire, Yalda Aghafazli avait entamé une grève de la faim le 6 novembre, trois jours avant sa libération. Et au moment de celle-ci, la jeune femme n'a pas été tenue informée des charges retenues contre elle, explique le site d'informations.

Vidéo du jour

"Ils nous ont rendu son cadavre"

Dans une vidéo bouleversante partagée sur Twitter par Armin Arefi, grand reporter au Point et auteur d'Un printemps à Téhéran (Plon), enregistrée le 14 novembre, des Iraniennes se recueillent ensemble, en mémoire de la jeune disparue. "Ils ont pris notre Yalda et nous ont rendu son cadavre !", lancent-elles.

Depuis le début de la révolte, l'ONG Iran Human Rights fait le macabre mais nécessaire décompte des personnes tuées pour avoir manifesté contre la République islamique d’Iran. À date, ce 16 novembre 2022, 342 vies ont été ôtées. Dont celles de 43 enfants.