CARNET DE GUERRE D'UN JEUNE VIET-MINH A DIEN BIEN
PHU
de
PHAM THANH TAM
Ed. Armand Colin
190 p. - 19,90 euros
"Nous étions jeunes, mais nos visages étaient vieux."
En février 1954, Pham Thanh Tam, 22 ans, amaigri par sept ans de guerre
mais toujours enthousiaste, part pour Dien Bien Phu, sandales au pied et ceinture
de riz en bandoulière. Armé de ses seuls crayons et pinceaux, cet
ancien élève des Beaux-Arts de Hanoi, influencé par le classicisme
français, est incorporé dans une division d'artillerie viet-minh.
Jour après jour, il consignera dans un carnet de guerre et fixera au crayon,
à l'encre et à l'aquarelle les choses vues avant et pendant la bataille
: des campagnes calcinées et cabossées par le napalm et les bombardements,
des frères d'armes apeurés et faméliques, ou réconfortés
par les messages de l'oncle Ho, la fascination des paysans pour les pièces
d'artillerie, le déluge de feu, l'odeur de mort... Ce récit illustré
n'est pas exempt de coups de clairon idéologiques, mais il est l'un des
rares, voire le seul, conservés côté viet-minh. On saura d'autant
plus gré à la journaliste américaine Sherry Buchanan d'avoir
déniché et édité méticuleusement ce témoignage
exceptionnel, qui s'achève en août 1954. Tam repart alors pour Hanoi.
"A chaque retour de l'automne, j'ai comme le pressentiment qu'il va falloir
repartir à la guerre", note-t-il. Dix ans plus tard, il sera appelé
pour croquer le premier avion américain abattu au Nord-Vietnam. Aujourd'hui,
il est retraité de l'armée, avec le grade de colonel. Il peint et
tient un journal.
Emmanuel Hecht (L'Express)