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Limites de la Démocratie

- N.Q. — published 08/09/2006 08:22, cập nhật lần cuối 07/10/2010 21:35

 

Idées et Actualité

 

Limites de la Démocratie
 

 

N.Q

 

Avec le recul, la décennie qui vient de s'écouler apparaît incontestablement comme la décennie de la démocratie. Selon les observations de “Freedom House”, un groupe américain des Droits de l'Homme, sur les 3 dernières années, un tiers des 171 pays du monde ont adopté le système démocratique, et pour la première fois dans l'histoire, les démocraties sont majoritaires à la surface du globe. Cette victoire – et la défaite du totalitarisme – n'était pas évidente, ni dans les idées, ni dans les faits. Faut-il rappeler qu’au plus fort de la 2è Guerre Mondiale, les démocraties étaient tout au plus une douzaine, et qu’au plus fort de la Guerre froide, des intellectuels de renom (1) doutaient de la survie du système démocratique?

Coup d'arrêt

Il peut paraître exagéré de nourrir encore des doutes aujoud'hui, mais la Roche Tarpéienne est proche du Capitole, et il nous semble, à certains symptômes, que l'année 91, qui marque l'apogée des idées démocratiques, pourrait aussi marquer l'amorce de leur reflux. Dans les vieilles démocraties, où le débat politique ronronne dans une sorte de consensus mou: on pense aux Etats-Unis, où plus de 50% des électeurs s'abstiennent aux élections présidentielles; à la Grande Bretagne, qui livre contre l'Europe des combats d'arrière-garde; à la France bien sûr, où la classe politique vit les yeux fixés sur l'indice des prix, la courbe des sondages et les gesticulations de Le Pen. Dans les démocraties encore jeunes et dynamiques, mais à qui pourrait s’appliquer, en modifiant à peine les termes, la formule célèbre du “socialisme dans un seul pays”: on pense bien sûr à l'Israël, le seul Etat démocratique du Proche et Moyen-Orient, mais qui mène à l'encontre de ses voisins (et quelles que soient ses raisons) une politique qu’il faut bien qualifier de “militariste, expansionniste et raciste”. Dans les nouvelles-venues enfin, où, passé la fièvre de la “révolution démocratique”, l'on se retrouve confronté à la ruine de l’économie, la désintégration de la société et la résurgence des vieux démons: nationalisme, xénophobie, anti-sémitisme...

En ce début d'année 92, le putsch camouflé d'Alger (2) pourrait même avoir donné le coup d'arrêt à l'expansion démocratique. On pourra discuter à perte de vue sur l’opportunité ou non d'accepter l’entrée dans le jeu démocratique d'un parti comme le FIS, totalitaire dans son essence et dans ses intentions. Mais une fois le processus engagé, il fallait le laisser aller à son terme, sous peine – on le vérifiera dans un très proche avenir – de faire apparaître la démocratie comme une tricherie ( “élection, piège à cons”, disaient les gauchistes) et l’évolution démocratique vers la modernité comme une impossibilité dans un pays sous développé. N'en doutons pas: il n'y aura plus, et pour longtemps, de “révolution démocratique” dans cette région du monde.

Hors-sujet

Mais tous ces symptômes de régression que nous venons de relever, faut-il les rapporter à une quelconque maladie de la démocratie? Après tout, n'importe quel système a ses limites, qui apparaissent d'autant plus clairement qu’on essaie de l'appliquer à des problèmes qui, par nature, lui échappent. Ainsi de la démocratie: son principe, c'est l’égalité des citoyens; de là découle son gouvernement, qui doit être celui de la majorité, mais dans le respect de la minorité; de là également ses institutions (pouvoirs, contre-pouvoirs), qui sont conçues pour garantir le fonctionnement harmonieux et balancé du gouvernement majoritaire. Et c'est à peu près tout. Toute extrapolation qui ne partirait pas de là est hors-sujet. En particulier:

La démocratie n’est pas un système économique: l’organisation – capitaliste, socialiste, de gauche, de droite – de l'économie n'est pas du ressort de la démocratie. (La confusion vient de ce que l'organisation du travail, elle, relève des lois sociales, donc du système politique). Il n'y a pas de remède miracle “démocratique” pour résorber le chômage, augmenter la production, relancer la croissance... Les ex-pays de l'Est s'en sont aperçus assez vite; les pays en voie de développement feraient bien de s'en apercevoir. Tout au plus peut-on reconnaître qu’une condition nécessaire du développement est la responsabilisation du citoyen-producteur (la preuve a contrario est fournie par l’inefficacité des “économies assistées” des anciennes colonies, ou des “économies administratives” des anciens pays dits socialistes), que permet – mais ne garantit pas – le système démocratique, mais que permettent également, d'une autre manière, certains systèmes autoritaires ( Taiwan, Chili ..)

La démocratie n'est pas un système idéologique: la seule idéologie – si l'on peut dire – de la démocratie réside dans son principe d'égalité, qui contient l'idée de liberté et implique l'idée de justice. D'où vient que l'objet essentiel des lois démocratiques, c'est d'ouvrir au citoyen le maximum d'espaces de liberté, mais pas de les aménager: ce sont des espaces vides, laissés à l'initiative de chacun. Il ne  revient à aucune “autorité démocratique” de dire le Bien ou le Mal (3), c'est pourquoi, comparés aux idéologies de type messianique (marxisme-léninisme, christianisme, islam – car l’on est en droit de considérer la religion comme une “maladie infantile” de l'idéologie), les principes démocratiques peuvent paraître essentiellement négatifs. De là proviennent la difficulté de mobilisation des régimes démocratiques et le mépris, pour ainsi dire instinctif, des régimes autoritaires à leur égard (la fameuse “lâcheté des démocraties”). L'histoire nous apprend cependant que face à des choix essentiels, les régimes démocratiques ont toujours tenu tête aux régimes autoritaires, et les ont toujours vaincus (4).

La pratique démocratique ne découle pas automatiquement des principes démocratiques: Ces principes, en effet, garantissent la liberté d'opinion et de pensée et ne permettent de légiférer, si l'on peut dire, qu’à l’extérieur des têtes et non à l’intérieur. Aucune loi contre l’incitation à 1a haine raciale, par exemple, ne sera d'une efficacité totale tant qu'un discours lepéniste trouvera un écho à l'intérieur d'une tête raciste; or une tête raciste, çà se fabrique par l'ignorance, le chômage, la peur... toutes choses contre lesquelles la démocratie ne peut rien, sauf à créer les conditions – l'éducation, la durée – de leur disparition progressive.

– enfin, la pérennité du système démocratique n'est pas garantie ni par ses principes, ni par ses institutions : l’Histoire l’a montré, une démocratie peut être détruite de l’intérieur, par la démission des autorités et le renoncement des citoyens: on se souvient que le parti Nazi avait pris le pouvoir le plus légalement du monde en Allemagne; aujourd'hui la question se repose, en Algérie bien sûr, avec la légalisation du FIS, mais aussi dans tous les pays d'Europe, avec la banalisation des partis d'extrême-droite. “Pas de liberté pour les ennemis de la liberté?” Il est inutile de poser ce genre de question à la démocratie, car elle est organiquement incapable d'y répondre. La réponse réside dans la vigilance de chaque citoyen.

Après ce catalogue des limites et insuffisances de la démocratie, on est en droit de se demander pourquoi, en cette fin de siècle, après l'effondrement de tant d'idéologies, l’amertume de tant d'expériences, tant de peuples y voient encore leur dernier recours. La raison, bien sûr, est connue: c’est le moins mauvais des systèmes.

  

(l) Par exemple, Raymond Aron. ou J.F. Revel, auteur de “Comment les démocraties finissent”.

(2) A la date où nous écrivons (15.01.92), l'on s'achemine vers la formation d'une junte militaire avec camouflage civil, la suspension du processus démocratique, l’annulation des élections, et peut-être l’interdiction du FIS.

(3) Corollaire: un régime démocratique ne peut être que laïc.

(4) Il n'est pas inutile de remarquer qu’au cours de l'histoire, jamais deux démocraties ne se sont fait la guerre.

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