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GREXIT ou NON GREXIT

- Nguyen Quang — published 18/08/2015 13:54, cập nhật lần cuối 18/08/2015 13:54
La Grèce et la Zone Euro


GREXIT OU NON GREXIT


Nguyễn Quang



« Grexit », ce barbarisme qui signifie la sortie de la Grèce de la zone euro, restera dans les annales européennes. Après des semaines de tensions et rebondissements, le psychodrame du Grexit ou non Grexit s’est résolu non par un accord mais par un diktat qui revient pratiquement à une mise sous tutelle d’un pays démocratique par d’autres pays démocratiques, inédite dans l’histoire politique. Comment en est-on arrivé là ?


De CHARYBDE en SCYLLA


On se souvient que c’est la crise américaine des subprimes de 2007, comme un virus qui mute, qui a dégénéré à partir de 2008 en une crise planétaire, d’abord financière puis économique, maintenant appelée communément la Grande Récession, par référence à la Grande Dépression de 1929. Par un mécanisme qu’il serait intéressant d’étudier en détail, une métastase s’est profondément incrustée en Europe sous la forme d’une crise des dettes souveraines, plus particulièrement dans la zone euro, où la dette publique moyenne est passée de 60% du PIB avant 2007 à 90% aujourd’hui. Mais le malade au stade terminal, c’est bien sûr la Grèce, où, depuis 2009 jusqu’à l’arrivée au pouvoir en janvier 2015 du parti Syriza, quatre gouvernements successifs ont mis en œuvre huit plans d’austérité et bénéficié de deux plans d’aide (2010 et 2012) d’un montant total de 240 milliards E accordés par le FMI et les pays de l’Eurozone. Le premier plan de 110 milliards était déjà conditionné à un programme d’ajustement structurel, non seulement de l’économie grecque, mais du fonctionnement de l’Etat grec lui-même. Or dès le printemps 2011, il apparaît clairement que ces objectifs ne seront pas atteints en 2012 : sur fond de manifestations et de grèves contre l’austérité et d’attaques spéculatives sur les marchés financiers (1), l’Etat n’arrive toujours pas à collecter l’impôt ni à freiner la fraude fiscale, dans le même temps que la purge imposée aggrave la récession et la misère sociale (rapport de l’ONU de mai 2011). Privée d’accès aux marchés internationaux, la Grèce en est réduite à solliciter à nouveau l’aide du FMI et de l’Eurozone. Après d’âpres négociations où les ministres allemands Guido Westerwelle (ministre des Affaires étrangères) et Wolfgang Schäuble (ministre des Finances) agitent déjà le spectre d’un Grexit , un second plan de 130 milliards pour 2012 est accordé. Sans surprise, il renforce l’austérité - baisse des salaires, réduction des pensions, coupes dans les dépenses publiques, hausse des impôts et des taxes, privatisations et dérégulation – dans le but de ramener la dette à 124% du PIB et de dégager un excédent budgétaire primaire (c-à-d. hors paiement de la dette) de 4%. Un objectif totalement irréaliste, assorti de trois nouveautés :

- l’abandon par les banques privées de 50% de la dette grecque qu’elles détiennent en échange d’une recapitalisation par les puissances publiques à hauteur de 106 milliards E. Dit plus clairement, cela signifie qu’à « l’insu du plein gré » du contribuable européen, plus de 70% des créances privées sur la Grèce sont d’un coup devenues des créances publiques (voir graphiques)

- la création d’une task force technique européenne ayant pour mission de s’assurer de la mise en œuvre des réformes réclamées et d’un meilleur usage des fonds alloués

- la mise en place, sous contrôle de la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI) d’un compte spécifique dédié au paiement de la dette, abondé par les recettes fiscales grecques et l’assistance internationale

Quand le Premier ministre Georges Papandréou suggère de soumettre ces premiers abandons de souveraineté à une consultation populaire, le tollé des créanciers est tel qu’il est obligé d’y renoncer et de présenter sa démission. Faute de référendum, ce seront les élections législatives du printemps 2012 qui sanctionneront les partis « pro-austérité » (Pasok et Nouvelle Démocratie), remplacés au pouvoir par un gouvernement « transitoire » de technocrates qui gèrera le pays sous la supervision de la troïka (qui poussera parfois le mépris jusqu’à lui envoyer des ordres par e-mail). Pour quels résultats ? Après un début d’année 2014 prometteur selon les indicateurs du FMI (contestés par d’autres sources), l’économie grecque retombe en récession. Dès juillet 2014, les versements des tranches d’aide sont suspendus, ce qui oblige le pays à vivre sur ses fonds propres tout en remboursant ses dettes. Privé d’émission de bons du Trésor et donc de la possibilité d’emprunter même aux banques grecques, l’Etat en est réduit à couvrir ses dépenses courantes avec ses rentrées fiscales, et à réquisitionner pour un « prêt obligatoire » les réserves des collectivités locales, des hôpitaux et des universités (!) pour honorer ses échéances. Le bilan de 5 ans de récession est effrayant : malgré la restructuration de 2012, la dette est passée de 128% à plus de 175% du PIB, lequel a baissé de 26% ; l’investissement a chuté de 67% ; les 2/3 des retraités vivent sous le seuil de pauvreté ; le chômage touche le quart de la population active (plus de la moitié pour les moins de 25 ans) et plus de 180.000 entreprises ont fait faillite ; le niveau de vie grec est tombé au même étiage que celui de la Bulgarie; le nombre des suicides (4.000) a explosé, ainsi que le nombre d’interruptions volontaires de grossesse et d’abandons de nourrissons… No future.

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Dessin de Willem

Les élections législatives de janvier 2015 voient la victoire de la gauche radicale Syriza, élue sur un programme de desserrement de l’austérité et de renégociation de la dette. Un mandat que le gouvernement Tsipras a essayé de scrupuleusement respecter, mais avec le résultat que l’on sait : au bout d’un marathon de six mois, où la menace du Grexit fut maintes fois brandie, et malgré le « non » massif des Grecs (61%) contre un nouveau plan d’austérité, la Grèce repasse sous les fourches caudines de la troïka pour obtenir un troisième plan d’aide de plus de 80 milliards E. Le Grexit est évité, mais c’est un véritable « plan d’abaissement » qu’un Eurogroupe revanchard inflige au mauvais élève qui a osé le défier. « Un catalogue de cruautés », titre l’hebdomadaire Der Spiegel, pourtant pas spécialement philhellène. On ne peut pas ne pas parler de mise sous curatelle à propos d’un texte qui impose au gouvernement grec de « consulter les institutions [i.e. la troïka] et obtenir leur accord sur tout projet législatif dans certains domaines importants (…) avant de le soumettre à une consultation publique ou au Parlement ». Chat échaudé craignant l’eau froide, on pourrait penser que la troïka voudrait par cette clause soustraire certains « domaines importants » à la procédure référendaire. Erreur, les sujets importants en question concernent aussi bien la durée des soldes que le travail du dimanche , ou les activités de boulangerie, ou encore le commerce du lait ! Tant qu’on y était, Berlin a également imposé la mise en place d’un fonds indépendant pour privatiser 50 milliards E d’actifs grecs. On mesure mieux l’inanité d’une telle disposition quand on sait que le précédent Fonds d’exploitation de la propriété privée (Taiped), installé sur injonction des créanciers en 2011, n’a rapporté que 7 milliards tout en bradant les richesses nationales à des prix dérisoires (fin 2014, la Cour des comptes grecque a dû bloquer la vente des terrains de l’ancien aéroport d’Athènes-Hellenikon – trois fois la taille de la principauté de Monaco – pour seulement 1 milliard E). Provocation supplémentaire, W. Schaüble lui-même avait insisté pour domicilier ce fonds…au Luxembourg, avant de « concéder », devant les résistances grecque, italienne et française, qu’il le soit à Athènes, mais « sous la supervision des institutions européennes concernées ». L’ultimatum final – le gouvernement Tsipras a exactement trois jours pour faire avaliser cet accord par le Parlement grec – ajoute l’humiliation à la capitulation. « L’économie qui tue, nous la voyons à l’œuvre, en direct de Bruxelles. Elle ne tranche pas de gorges, elle n’a pas l’odeur du sang, de la poudre et de la chair brûlée. Elle agit dans les salles climatisées, dans les couloirs feutrés, mais elle a la même férocité impudique que la guerre. » (M. Revelli, extrait de l’édito du Manifesto du 27/07/15)

debiteurs

etats


Passagers clandestins

Ce qui n’a pas manqué d’étonner pendant les négociations, c’est l’apparente impréparation de l’équipe Tsipras face à la détermination d’une dizaine de pays regroupés autour de l’Allemagne, une sorte de Mitteleuropa qui aurait annexé les Pays baltes et les Pays-Bas. Deux logiques s’affrontaient pour sortir d’un engrenage de dette perpétuelle. D’un côté la légitimité démocratique d’une majorité nouvellement élue qui prétendait renégocier des accords passés jugés « illégaux », soit à cause « d’irrégularités » dans la constitution de la dette (comme le tour de passe-passe pour renflouer les banques), soit parce que certaines réformes imposées violent une série de droits fondamentaux : santé, éducation, logement, liberté d’association et de négociation collective, etc. (selon un mémorandum de la London School of Economics and Political Science). De l’autre côté l’intransigeance d’une orthodoxie financière et politique rigidement assumée par Mme Merkel : « L’aide à la Grèce ne doit pas coûter un euro au contribuable allemand », M. Schaüble: «Il est impossible de restructurer la dette grecque car les règles ne le permettent pas » et M. Juncker : « Il ne peut y avoir de choix démocratique face aux traités européens ».

Il n’est pas question ici d’exonérer de leurs responsabilités la classe politique et l’oligarchie grecques qui prospèrent depuis 40 ans sur un terreau de népotisme, d’affairisme et de prévarication généralisée. Car si la Grèce est bien une nation, qui s’est forgée dans une lutte constante pour l’indépendance depuis au moins le 19ème siècle, ce n’est certainement pas encore une démocratie fonctionnelle au sens moderne du terme, comme en témoignent les défaillances de l’appareil d’Etat (cadastre inexistant, fisc déficient, privilèges exorbitants de certaines classes sociales), mais aussi, de façon plus subtile, une imprégnation culturelle qui se superpose à la loi. Ainsi, frauder le fisc est peut-être un « sport » universel, mais qui se colore chez les Grecs de réminiscences héroïques remontant à l’époque de la domination ottomane, quand le refus de l’impôt avait une signification de résistance. Ainsi, les « n’y a qu’à » qui ont récemment interpellé Alexis Tsipras au Parlement européen sur la question des privilèges fiscaux savent-ils que ceux dont bénéficient l’Eglise orthodoxe ainsi que les armateurs grecs sont inscrits dans la Constitution ?(2) Bien entendu, ces considérations ne doivent pas occulter la responsabilité première d’une cigale grecque qui a vécu pendant des décennies au-dessus de ses moyens. Avant son entrée dans la zone euro, le pays a su jouer habilement de sa position géostratégique et du contexte géopolitique pour bénéficier de subventions au titre de la politique régionale de l’UE (jusqu’à 30 milliards certaines années). Après 2001, l’apport de capitaux étrangers a dopé l’économie, qui a connu jusqu’en 2007 l’une des plus fortes croissances de la zone euro (plus de 4% par an) ; mais dans le même temps, l’Etat continuait à combler ses déficits structurels en recourant à l’emprunt, de sorte qu’il s’est retrouvé pris à la gorge quand la crise financière a fait s’envoler les taux (en 2011, près de 19% pour les taux à 10 ans, et près de 46% pour les taux à 2 ans ; voir (1)).

Il est de bon ton ces temps-ci de traiter les Grecs de « passagers clandestins de l’Euro » parce qu’effectivement, en 2001, ils ont trafiqué leurs comptes – avec l’aide experte de Goldman-Sachs en « cooking the books » – pour satisfaire aux critères d’admission dans l’Union monétaire (déficit budgétaire d’au plus 3% du PIB, dette d’au plus 60%) (3). Mais qui était dupe, et quels pays de la zone Euro respectent aujourd’hui ces « critères de convergence »? La décision d’admission découlait moins d’une analyse de la viabilité d’une économie grecque « réfractaire au marché unique et à la concurrence [et qui] n’a pas su combattre les corporatismes et les rentes de situation dans les secteurs public et privé » (Mario Monti), que de la volonté politique – surtout de la France – de constituer avec les pays du Sud de l’Europe un contrepoids à l’hégémonie du Mark. Ensuite, la responsabilité collective aura consisté, à travers le laxisme de la Commission européenne et des Conseils européens successifs, à déléguer aux marchés financiers le soin de corriger et sanctionner les dérapages de l’endettement grec. Un (sur)endettement dont ont largement profité des (sur)créanciers tels que les banques européennes qui se sont goinfrées de bons du Trésor grec, les entrepreneurs européens qui se sont engraissés sur les ports de plaisance, les marinas et résidences de luxe, et même les gouvernements européens qui ont (sur)vendu du matériel militaire à une armée grecque (sur)dimensionnée (4). A ce propos, on pourra relever l’indécence de l’Union européenne quand, après avoir encouragé le (sur)développement du budget militaire grec (4% du PIB) du temps de la « guerre tiède » sur le flanc Est de l’OTAN, elle exige maintenant sa réduction drastique : personne ne conteste la nécessité d’une telle mesure, mais avec le chômage massif, les « n’y a qu’à » en mesurent-ils toutes les conséquences ?

Reconnaître la responsabilité première de la Grèce n’équivaut pas à avaliser les tombereaux d’accusations déversés par les médias européens dominants pour répercuter le « storytelling » de la troïka. Il serait temps de rétablir quelques vérités:

1. Si la Grèce a failli, c’est parce qu’elle n’a pas consenti les mêmes efforts et sacrifices que l’Irlande ou le Portugal : C’est faux. L’ancien Secrétaire américain au Trésor, Larry Summers, reconnaît lui-même que « les Grecs se sont imposé plus d’austérité qu’en a subi tout autre pays industrialisé depuis la Grande Dépression (de 1929) ». Depuis 2010, les gouvernements grecs successifs se sont appliqués à mettre en œuvre toutes les réformes budgétaires et structurelles exigées par la troïka. Budgétaires : pour 5 départs de fonctionnaires à la retraite, 1 seul poste est renouvelé ; les salaires ont baissé en moyenne de 30% ; le SMIC brut est descendu à 580 E ; les pensions des retraités, déjà amputées en 2010, ont encore perdu entre 5% et 15% en 2014 ; le budget de la santé a été amputé de l’équivalent d’un point de PIB ; 1% du PIB, c’est aussi ce à quoi est réduit le budget actuel de l’Education nationale… Structurelles : dérégulation du marché du travail, changement du régime des conventions collectives, ouverture des professions fermées ; avant l’arrivée de Syriza, la question des licenciements collectifs et la réforme de la sécurité sociale devait être discutée en 2015… Le patronat local lui-même n’en demandait pas tant, l’assouplissement du marché du travail n’étant pas une urgence avec un chômage à 25%. « Ce programme mené au forceps », que même Le Monde, pourtant peu enclin à l’indulgence envers Athènes, est obligé de reconnaître (25/01), et qui revient à une politique de dévaluation interne, a permis au pays de dégager en 2013 un premier excédent primaire de 1,5 milliard, certes loin des 4% du PIB planifiés par la troïka… laquelle, dans sa maganimité, a daigné accorder un délai de grâce de 4 ans : d’ici à la fin 2018, au rythme de 0,5% l’an, la Grèce est tenue d’atteindre un excédent primaire de 3,5% (on admirera la précision à 0,5% près, l’accord ayant été conclu en Juillet 2014). Disons-le tout net : 4% d’excédent primaire, c’est un objectif extravagant, qu’aucun pays dans l’histoire n’a jamais réussi à atteindre durablement.

2. Il est impossible de restructurer la dette grecque car les règles ne le permettent pas : C’est vrai techniquement dans certains cas, puisque par exemple la BCE n’a pas la possibilité de financer directement la dette d’un Etat membre. Mais « l’ingénierie financière » n’a d’autre limite que la volonté politique, et celle de la troïka semble à géométrie variable. En l’espèce, le cas d’école est la restructuration déguisée opérée par la BCE en février 2013 quand, moyennant des recettes de cuisine à la Goldman-Sachs (pour les détails techniques, voir (5)), elle a accordé un moratoire de 25 ans sur le remboursement de 30 milliards de dette irlandaise pour alléger d’autant les « taxes et coupes budgétaires » de Dublin et lui permettre d’annoncer triomphalement à la fin de l’année son retour sur les marchés obligataires. Un cadeau refusé à Athènes quand celle-ci a sollicité le report d’une échéance de 7 milliards pour « passer le mur de la dette » en 2015. De toute façon, règles ou pas règles, la dette grecque a déjà été restructurée une fois (voir plus haut), et même, les créanciers ont promis dès novembre 2012 une nouvelle renégociation si le gouvernement grec arrivait à dégager en 2013 un excédent primaire (ce qui s’est produit). Promesse reniée parce qu’est arrivé au pouvoir le parti Syriza, présenté par les dirigeants et les médias européens dominants comme des ultra-gauchistes, des nationaux-communistes, de marxistes méditerrannéens, et l’on en passe…


La dette de SYSIPHE


Des plans austéritaires successifs, voici ce que dit le prix Nobel Joseph Stiglitz : «  Je ne connais aucun autre exemple d’une dépression qui aurait été créée de manière aussi délibérée et dont les conséquences humaines auraient été aussi catastrophiques ». Et pourtant la troïka persiste et signe.

3. Le contribuable européen ne doit pas payer pour la dette grecque : Il faut se méfier des formules dites de bon sens que les politiciens vendent comme des camelots. D’abord, combien coûterait à l’Europe un effacement total de la dette grecque ? La Grèce représente à peine 2% du PIB européen, donc une approximation grossière serait : une année de croissance européenne. Pour information, en cas de défaut grec à l’intérieur de l’Eurozone, l’Allemagne serait exposée à hauteur de 56 milliards et la France à hauteur de 42 milliards (voir graphiques). Mais ici encore intervient l’ingénierie financière, qui permettrait à ces pays de différer le remboursement en faisant de la « cavalerie », c’est-à-dire en… empruntant sur de longues périodes.

grece

Aujourd’hui ils peuvent se financer sur les marchés à des taux proches de 0%, et en passant, c’est ce qu’ils font en ce moment pour « aider » la Grèce, en lui reprêtant cet argent à des taux… disons non nuls. De cette manière, le coût pour la France de son exposition à la dette grecque, pour faire un calcul à la louche avec un taux de 1%, serait de 420 millions E par an, soit à peine plus de 6 E par Français par an.

L’économiste Thomas Piketty en vient à poser franchement la question : « Doit-on toujours payer ses dettes ? » (6). Dans son best seller sur le Capital au 21ème siècle, en étudiant l’histoire des dettes publiques (certaines dans le passé étaient encore plus importantes que celles observées actuellement), l’auteur avait dégagé deux méthodes opposées. La méthode « lente » consiste à accumuler des excédents budgétaires pour payer progressivement les intérêts puis le principal de la dette, en faisant porter l’essentiel de l’effort par les classes moyennes et populaires (« le contribuable populaire enrichit les rentiers ») : ç’a été la démarche de l’Angleterre, qui a mis plus d’un siècle à combler le gouffre financier (200% du PIB) creusé par les guerres napoléoniennes ; c’est la démarche actuellement imposée par la troïka à la Grèce. Sauf que l’Angleterre dominait le monde (« rule Britannia ») et disposait de toutes les ressources de son empire colonial, alors que la Grèce n’a que le rocher de Sysiphe, si l’on peut dire… On allait oublier le contenu du « traité de stabilité et de croissance » concocté par Merkozy en 2012 (et ratifié par François Hollande – le péché originel de son mandat), qui oblige les pays de l’Eurozone à maintenir leurs déficits budgétaires en dessous non plus des 3% des critères de Maastricht, mais de 0,5% du déficit primaire. A l’opposé, la méthode « rapide » : inflation, impôts exceptionnels sur les plus fortunés, restructurations ou annulation pure et simple de la dette… a permis à des pays européens ruinés par la seconde Guerre mondiale (la France, l’Allemagne) de ramener leurs dettes publiques de 200% à 30% en l’espace de 5 ans et de se lancer dans la reconstruction et la croissance sans le fardeau de la dette. Il convient de rappeler à l’Allemagne amnésique, si encline aujourd’hui à donner des leçons, que les accords de Londres de 1953, qui ont effacé 90% de sa dette extérieure (on ne parle pas ici des réparations de guerre, passées purement et simplement à la trappe), n’ont pas peu contribué à la réalisation du « miracle allemand ». Faut-il aussi lui rappeler à quoi ont mené les exigences intenables du traité de Versailles de 1919 ?

4. TINA : « There is no alternative », c’était la réplique préférée de Margaret Thatcher (qui fut la Dame de Fer britannique avant l’actuelle Chancelière de Fer allemande) à quiconque se permettait de contester sa politique. C’est aujourd’hui le leitmotiv de la troïka, de Tina I à Tina III, les plans d’austérité successifs vont nous sortir de la crise. La quasi-totalité des économistes ont beau se récrier : « Ni le ministère des Finances allemand, ni aucun autre gouvernement européen, et pas une seule institution privée compétente n’a présenté une analyse crédible démontrant comment plus d’austérité et plus de réformes du marché du travail (comprendre: plus de licenciements et de réductions de salaire) pourraient dynamiser la croissance sans entraîner des pertes encore plus grosses pour les détenteurs d’obligations en bout de chaîne » (P. Morici, Maryland University), la troïka exhibe sur le podium l’Irlande et le Portugal, sortis officiellement de sa tutelle à la fin de 2013 et au printemps de 2014 respectivement. Mais ce sont des vitrines déformantes. Certes les deux « bons élèves » renouent avec la reprise et même la croissance mais, explique pudiquement Le Monde de l’Economie, « les chiffres de l’Irlande [par exemple] sont à prendre avec précaution : ils sont très volatils, en raison de la taille relativement modeste de cette économie et du fait de la présence importante d’entreprises multinationales des secteurs de la pharmacie et des nouvelles technologies, dont les résultats sont sensibles à la conjoncture. » (12/03/2015). Quant au Portugal, les observateurs parlent de « résultats lusitaniens en dents de scie ». En tout cas, les fondamentaux, au sens même de la troïka, restent inquiétants, puisque les dettes du Portugal (131,4% du PIB) et de l’Irlande (114,8%) sont supérieures à celle de Chypre (104,7%), et surtout 5 années d’austérité ou plus ont fait des ravages. Au moins 400 000 personnes ont quitté le Portugal depuis 2011, poussées par le chômage (13 % aujourd’hui) et le manque de perspectives. Rien ne permet de croire à leur retour dans un pays où la précarité règne et où la pauvreté touche 2 millions d’habitants sur 10,5 millions. Quant à l’Irlande, la « consolidation » budgétaire à la sauce de la troïka (marquée par des hausses d’impôts, la création d’une taxe foncière, la baisse des salaires des fonctionnaires de 11 % en moyenne…) lui a fait perdre 20 % de PIB. Le« tigre celtique », redevenu « chat de gouttière », n’a pas renoncé aux pratiques de dumping fiscal qui lui ont naguère procuré le revenu par tête le plus élevé de l’UE (!), mais il est frappant d’entendre des dirigeants d’entreprises high tech se plaindre du manque de qualification des jeunes, qui risque de faire manquer au pays le rendez-vous de la reprise (comment alors ne pas s’inquiéter pour la Grèce, de qui la troïka exige un excédent primaire de 4%, c’est-à-dire 4 fois le budget de son Education nationale ?) Ce n’est certainement pas un hasard si, à rebours de leurs dirigeants (7), les populations regardent avec intérêt les exemples de Syriza en Grèce ou Podemos en Espagne, comme en témoigne la progression de mouvements de gauche radicaux tels que Juntos Podemos à Lisbonne (« Ensemble nous y arriverons »), ou surtout AAA (« Anti Austerity Alliance ») à Dublin.

5. TINA III écarte le Grexit et règle le problème de la dette grecque : Il faut d’abord savoir ce que la quasi-unanimité des économistes de tous bords pensent de Tina III : bancal, délirant, déraisonnable, destructeur, fou, funeste, irréaliste, mal fichu, mortifère, primitif, risqué, toxique (dans l’ordre alphabétique des qualificatifs). Même l’homme de la rue peut se rendre compte du fossé abyssal qui sépare les plans et projections de la troïka des résultats obtenus : « La manière dont l'Europe s'est comportée dans la crise est tout simplement désastreuse. Il y a cinq ans, les Etats-Unis et l'Europe avaient approximativement le même taux de chômage et le même niveau de dette publique. Mais maintenant, cinq ans plus tard, c'est une autre histoire: le chômage a explosé en Europe, alors qu'il a baissé aux Etats-Unis. Notre activité économique reste en-dessous du niveau de 2007. Elle a baissé de 10% en Espagne et en Italie, et de 25% en Grèce. » (T. Piketty, interview à Der Spiegel). Non seulement les technocrates de la troïka ont prétendu faire rouler une voiture dont le moteur va caler tout en gardant un pied sur le frein, mais ils ont fourgué aux passagers des cartes erronées. En l’occurrence, leurs prévisions économiques reposaient sur des « modèles vraiment très viciés » (Stiglitz et Guzman) qui leur ont fait sous-estimer les effets récessifs des politiques austéritaires, comme a dû le reconnaître en mars 2013 Olivier Blanchard, le Directeur du département des Etudes du FMI en personne. Le graphique ci-dessous montre l’écart entre les prévisions de croissance par le FMI (en bleu) et les performances réelles de la Grèce (en rouge) entre 2009 et 2014. Le technocrate en chef s’en est benoîtement expliqué: « Les prévisionnistes du FMI ont nettement sous-estimé l’augmentation du chômage et la baisse de la demande intérieure associée à l’assainissement budgétaire ». Un mea culpa désinvolte qui signifie, derrière le jargon, qu’en plein milieu d’une tempête sur la zone euro, ni le général ni les sous-chefs ni les fantassins de la vaste armée du FMI n’ont pensé à vérifier si les hypothèses économiques de base sur la région étaient encore vraies en temps de crise. On peut s’indigner de la légèreté de décideurs qui engagent l’existence de dizaines de millions de gens et de nations entières. On peut s’inquiéter de la prégnance d’une orthodoxie telle que des économistes chevronnés continuent à raisonner suivant les mêmes schémas alors que le contexte a changé. On est définitivement terrifié d’être à la merci d’une pensée économique qui se prétend objective et scientifique alors qu’elle est tout simplement idéologique.

reel

Ordolibéralisme


On a évoqué plus haut la promesse non tenue de la troïka de rediscuter officiellement de la dette grecque. Faut-il rappeler que dans toutes les théories économiques orthodoxes, toute dette qui dépasse 90% est considérée comme non gérable. On ne sait par quels méandres dialectiques la troïka a fixé son plafond de 124% pour Athènes, mais la logique même du FMI devrait le conduire à décréter l’insolvabilité de la Grèce, et donc réclamer une restructuration de la dette grecque. Divine surprise, c’est bien ce qu’il est en train de demander. D’abord, dans un rapport publié le 3 juillet à Washington, et dont les dirigeants de la zone euro ont en vain essayer d’empêcher la diffusion, le Fonds rompt le tabou en estimant que la dette de la Grèce ne sera pas viable si elle n'est pas réduite dans des proportions considérables, éventuellement via une annulation de prêts accordés par ses partenaires européens. Il ajoute qu’Athènes aura besoin de 50 milliards d'euros supplémentaires d'aide au cours des trois prochaines années pour couvrir ses besoins de financement. Puis, le 14 juillet, le Fonds pose une sorte d’ « ultimatum » en conditionnant sa participation (16 milliards E) à un futur Tina III à « des mesures d’allègement », pronostiquant que la dette grecque pourrait atteindre les 200% et devenir « totalement non viable ». On ne sait s’il faut voir dans ces initiatives une « conversion » du FMI à l’hypothèse d’une restructuration, ou d’une pression de l’administration américaine qui, de l’extérieur, considère la ligne dure de l’Allemagne et ses satellites comme une véritable « folie » (le président Obama en personne a manifesté sa préoccupation). Toujours est-il que, malgré les résistances de façade de certains pays de la zone euro à destination de leur électorat, l’idée d’une renégociation, d’un réexamen, d’un rééchelonnement, d’un reprofilage – qu’on l’appelle comme on voudra – semble « ne plus faire débat », selon Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, dans une interview publiée par Le Monde du 27 juillet. « La question n'est pas de savoir s'il faut restructurer (...), mais de quelle manière le faire ». D’après le président de la Commission européenne, l’accord du 13 juillet aurait même acté (mais il faut savoir décrypter) le réexamen de la dette « après la première évaluation » de la mise en application des premières mesures de fond réclamées par la troïka. C’est ce que réclamaient les négociateurs grecs depuis le début, même s’ils auraient souhaité un calendrier plus précis. Ironie de l’histoire, si à cette occasion Tsipras obtenait ne serait-ce que l’ombre d’un reprofilage, alors , pour le coup, il apparaîtrait comme un manœuvrier hors pair, lui qu’on présentait comme « crucifié par la troïka » sur un champ de ruines.

Pour autant, la troïka (FMI compris) n’a pas changé de cap. Le mea culpa « technique » du FMI date de 2013, mais les politiques austéritaires n’en ont pas moins perduré. Les résultats macro-économiques à l’échelle de l’Europe peuvent se lire sur le dernier bilan publié en janvier 2015 par l’Eurostat, qui fait apparaître deux phénomènes concomitants : la baisse quasi-générale des déficits publics (autrement dit, la rigueur), accompagnée de la hausse quasi-générale de l’endettement public. Franchement, on pouvait s’y attendre. Plus précisément, au dernier trimestre de 2014, la dette des 28 Etats membres se porte à 86,6 % du PIB, celle de la zone euro à 92,1 % du PIB. Entre 2013 et 2014, l’endettement a augmenté de 1,3 point dans toute l'UE, et de 1 point dans la zone euro. L’Eurostat en tire une conclusion sans ambiguïté : « Depuis plusieurs années, l’ampleur de la dette publique européenne ne cesse d’augmenter. La crise économique et financière de 2008, associée aux politiques de rigueur visant à réduire les déficits publics et donc, en théorie, les niveaux d’endettement, apparaissent comme les principales raisons expliquant l’accroissement de la dette de l’Union européenne ».

Comment expliquer la persévérance de la troïka dans la dénégation de la réalité ? Il faudrait lire dans son intégralité l’analyse de l’économiste hétérodoxe Robert Boyer (8), pour qui les programmes d’austérité imposés « resteront dans l’histoire comme l’équivalent de la défaite de Galilée face à la scolastique religieuse. Ou encore des prescriptions des médecins de Molière qui, quels que soient les symptômes, recommandaient une saignée, quitte à faire mourir le malade. Ces programmes résultent d’une étrange alliance. D’abord la victoire d’une macro-économie anti-keynesienne qui fait de la mauvaise gestion du secteur public l’unique facteur de crise. Cette approche a conduit à proposer un modèle imaginaire dans lequel l’austérité est la condition de la reprise économique et de la croissance. Ensuite, dans la conception allemande, toute dette est connotée négativement comme l’expression d’une volonté de vivre au-dessus de ses moyens. Dans cette approche, les gouvernements grecs ont fauté. Et ils doivent donc être punis pour éviter qu’ils ne recommencent et donnent le mauvais exemple aux autres membres de l’Eurozone (…) Or, depuis longtemps, une approche analytique sérieuse permettait de détecter l’échec des politiques d’austérité appliquées à des économies caractérisées par la faiblesse du secteur privé exposé à la concurrence internationale . Finalement, on redécouvre la pertinence des idées de Keynes: dans une situation de surcapacités de production et d’un chômage de masse, des coupes dans la dépense publique aggravent la situation. C’est d’autant plus le cas que tous les pays adoptent la même politique austéritaire au même moment, ce qui accentue le chômage tout en faisant exploser la dette publique ».

Que demandait au fond le gouvernement Tsipras? Qu’on le laissât tenter une politique différente sans lui mettre le couteau sous la gorge. Qu’il était prêt à procéder à des réformes structurelles radicales (retraites, impôts, administration, corruption), mais indépendamment des questions budgétaires à court terme. Et donc qu’il sollicitait un rééchelonnement et un allègement de la dette pour « passer le mur de 2015 » et pouvoir faire ses preuves. Des requêtes somme toute raisonnables, qui méritaient des discussions et non des anathèmes. Visiblement, l’enjeu n’est plus seulement économique, mais idéologique. L’ordre libéral (ou « ordolibéralisme », encore un barbarisme) qui régente l’Europe a-t-il si peur d’une contagion de la contestation qu’il en arrive à lancer des fatwas contre ceux qu’il considère comme des apostats ? Quand le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, résume ainsi ses impressions sur les négociations : « En fait, c’est comme si [les représentants de la troïka] ne cherchaient pas à régler en priorité le problème de la dette. Les Européens doivent choisir : l’Europe peut-elle s’accommoder d’un gouvernement dont le programme n’est pas conforme à l’idéologie dominante ? Si la réponse à cette question est non, le message à tous les Européens serait le suivant : en Europe, vous pouvez faire tout ce que vous voulez à condition d’obéir à l’élite de l’Europe », il pose franchement la question de la gouvernance démocratique de l’UE. Qu’il soit bien clair qu’à ce propos, on ne milite pas spécialement pour la démocratie référendaire : certes le référendum grec a renouvelé la légitimité de Tsipras, mais un éventuel référendum allemand pourrait tout aussi bien légitimer l’intransigeance de Merkel; presque toutes les adhésions à l’Union (exceptions : la Grèce, le Portugal, l’Espagne et Chypre) ont été soumises à référendum ; ce qui signifie aussi que les peuples européens ont accepté de déléguer une partie de leur souveraineté nationale à une autorité supranationale. Mais c’est ici que le bât blesse : le Parlement européen n’a pas de pouvoir, l’Europe n’a pas d’exécutif, et les institutions européennes (Commission européenne, BCE) n’ont pas de légitimité. Bon nombre d’observateurs assimilent à un « coup d’Etat financier » la façon dont la troïka a utilisé le bras armé de la Banque centrale pour amener Syria à résipiscence : le 26 février, environ dix jours après l’avènement de Syriza, la BCE mettait fin à un régime de faveur qui permettait aux banques grecques de se refinancer auprès d’elle en fournissant comme garanties (ce qu’on appelle des collatéraux) des obligations émises par la Banque centrale grecque; cependant elle maintenait provisoirement l’accès du système financier grec au programme de liquidités d’urgence ELA (où les exigences sur la qualité des collatéraux est moins forte, donc les taux d’intérêt sont plus élevés) ; mais le 6 juillet, au lendemain du « non » au référendum, elle durcissait les conditions d’accès en augmentant le niveau de décote des collatéraux , ce qui revenait en pratique à plafonner les prêts d’urgence; dès lors l’Etat grec n’avait plus d’autre choix que de contrôler les capitaux ; la limitation des retraits en espèces et l’impossibilité de faire des virements à l’étranger conduisaient l’économie locale à une lente asphyxie; la dernière étape aurait consisté pour la BCE à arrêter les ELA, obligeant le pays, pour éviter la faillite de ses banques, à sortir de l’Euro. On ne peut douter que cette stratégie du « nœud coulant » avait pour but d’aider les créanciers à faire plier Athènes. Elle y a d’ailleurs réussi.

Quoi répondre à l’aphorisme de Juncker (voir plus haut) : « Il ne peut y avoir de choix démocratique face aux traités européens » ? La zone euro n’est pour l’instant qu’une  maison inachevée  avec un règlement de copropriété mais pas de toit. De nombreuses personnalités ont proposé de nombreuses solutions pour parachever ce toit, entre lesquelles on ne tranchera pas, faute de compétence. Pour information, signalons le rapport des cinq « présidents » européens (Commission, Parlement, Conseil, Eurogroupe, BCE) qui propose de faire contrôler la Commission et l’Eurogroupe par un parlement de la zone euro, une surveillance renforcée des économies et des budgets nationaux, la création d’un budget de l’eurozone afin « d’atténuer les chocs macro-économiques », la mise sur pied d’un « Trésor européen ». La philosophie sous-jacente d’une telle fédéralisation serait de placer sous tutelle les politiques économiques nationales pour les soustraire à des Etats « otages de leurs problèmes ». Ce qui implique évidemment d’amender les traités. Parce qu’ « on ne peut pas avoir une monnaie unique sans faire confiance à la démocratie », des économistes comme Thomas Piketty proposent de remplacer les directoires auto-proclamés (tels le tandem franco-allemand) par une véritable chambre parlementaire de la zone euro, chaque parlement national envoyant un nombre de représentants au prorata de sa population. Cette chambre supranationale serait responsable pour décider du niveau de déficit et d’investissement public, ainsi que pour superviser la BCE, l’union bancaire et le Mécanisme européen de stabilité. Cette solution paraît moins bureaucratique et plus démocratique que la précédente, mais la loi majoritaire. Etc. Ce qui est sûr, c’est que le temps presse car la maison risque de s’écrouler. Si l’on en croit les sondages d’opinion, l’idée européenne a perdu en une décennie la moitié de ses partisans. encore faudrait-il, pour la mettre en place, que certaines puissances hégémoniques s’inclinent devant Honnêtement, devant l’égoïsme, le cynisme et l’ineptie des politiques imposées par l’ordolibéralisme, qui peut encore avoir envie d’adhérer au projet actuel d’union européenne ?

NGUYEN QUANG




(1) Voir « De 2008 à 2011 : finance et libéralisme », Dien Dan, décembre 2011

(2) L’Eglise orthodoxe grecque est le deuxième propriétaire foncier du pays, après l’Etat , mais c’est tout ce qu’on sait, car il n’y a pas de cadastre. Elle possède aussi des organismes de statut public, qui sont tenus de publier leurs comptes mais ne le font pas. Elle a également des activités commerciales, sur lesquelles elle est taxée à hauteur de 20% depuis la crise de 2010. Alors que son patrimoine et ses revenus sont estimées à 1 milliard E (mais au doigt mouillé), elle ne paie que 2,5 millions d’impôts annuels. Quant aux armateurs grecs, leurs sociétés, même quand elles sont basées en Grèce, jouissent d’un statut d’extra-territorialité et sont donc hors d’atteinte du fisc. Cette « boîte noire » fiscale date de la chute du régime des colonels en 1974

(3) Notons qu’à ce jour, aucun des artisans de la magouille n’a été poursuivi en justice, ni chez les dirigeants grecs, ni chez Goldman-Sachs

(4) En pleine crise des subprimes, les dépenses d’armement de la Grèce ont augmenté d’un tiers. Elle a acheté pour plus de 2 milliards $ d’avions de combat américains, 6 frégates et des hélicoptères pour 3 milliards E à la France, 6 sous-marins pour 5 milliards E à l’Allemagne

(5) R. Godin, « Quand la BCE acceptait une restructuration de la dette irlandaise », La Tribune, 28/01/2015

(6) T. Piketty, « Doit-on toujours payer ses dettes ? », Libération, 21/04/2015

(7) Dans un entretien publié par le quotidien belge Le Soir (22/07), le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a révélé qu’il avait proposé à Tsipras de rediscuter de la dette grecque en octobre, mais que les représentants de l’Espagne, du Portugal et de l’Irlande s’y étaient opposés, « car ils ne désiraient pas [qu’on le fasse] avant les élections [prévues à compter d’octobre dans ces trois pays] »

(8) R. Boyer, « Face à l’UE, les Grecs ont servi de bouc émissaire », Libération, 01/07/2015

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