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Démocratie : petites histoires à propos d’une grande question

- André MENRAS — published 22/11/2010 15:41, cập nhật lần cuối 22/11/2010 15:41
Nguyên tác tiếng Pháp bài viết của André Menras / Hồ Cương Quyết (xem bản tiếng Việt xuất bản cùng ngày)


Démocratie :
petites histoires à propos
d’une grande question


André MENRAS (Hồ Cương Quyết)


Je viens de lire avec un grand intérêt l’article de M. Lê Hiếu Đằng dans votre page Web du 15 novembre. Je dois dire qu’à quelques détails près, je partage depuis longtemps son point de vue.

La triste affaire Cù Huy Hà Vũ montre que les services de sécurité lisent attentivement les pages de "Bauxite Vietnam" et s’en servent même pour faire porter de terribles chapeaux au nom de l’article 88 du code pénal. En préalable à cet article, permettez-moi donc quelques précisions. Si je n’ai aucunement l’intention de provoquer ces redoutables forces de l’orthodoxie politique et sociale, je n’ai pas non plus l’intention de les priver de mes modestes appréciations concernant la situation actuelle telle que je la vis au Vietnam. Je me sens même le devoir d’exprimer mes inquiétudes. Je le fais en toute tranquillité, en toute indépendance politique, morale ou financière. Je n’appartiens à aucun réseau. Je le fais sans aucune ambition car cela ne peut que me rapporter ennuis, perte d’amitié de la part de certains dirigeants que j’estime personnellement, et peut-être même danger pour moi et mes amis. Alors que le simple silence pourrait me conserver l’estime officielle et peut-être m’apporter la prospérité matérielle. Je le fais aussi au regard d’un passé qui m’impose de le faire.

Une impérieuse nécessité

Je le dis tout net : arrivé au stade actuel, le Vietnam, ne se développera pas en fermant la porte à la démocratie, en cadenassant avec violence les libertés collectives et individuelles. Comment peut-on apporter du neuf à une société si on étouffe en elle toute velléité de mouvement, toute initiative qui ne vient pas du groupe dirigeant, si on écarte toute proposition extérieure à l’orthodoxie, si on réprime toute critique comme si elle faisait partie d’un complot de l’ennemi (celui-ci restant bien sûr à définir) ? S’engager dans cette voie, cela revient à s’arroger le droit exclusif de décision sans réel contrôle extérieur sur les options capitales qui engagent le peuple au présent et les générations à venir. Cela peut ressembler en caricaturant à peine, à un véritable hold-up du patrimoine national et une prise en otage du peuple. Cela peut même aboutir à brader l’indépendance du pays et plus profondément encore, à détruire son identité. C’est à coup sûr risquer de plonger la patrie dans la plus terrible des misères, une misère culturelle et morale plus dévastatrice encore que la misère matérielle. Oui, il y a urgence : au Vietnam aujourd’hui, le fonctionnement fondamental du système politique doit forcément être changé pour ouvrir la porte à la démocratie politique, sociale et économique.

Au risque de paraître m’éloigner du sujet, la question cruciale de la démocratie soulevée sous plusieurs aspects mais de plus en plus fréquemment et clairement à l’Assemblée nationale, dans le monde des intellectuels, dans l’usine, la rizière, la rue et même au sein du PCV me rappelle un épisode de ma vie riche en connotations qui m’incite à abonder dans le sens de M. Lê Hiếu Đằng quand il dit : « La démocratie est la solution aux problèmes du pays ».

Une histoire de douche

En octobre 1973, fraîchement libéré des bagnes américanos-saïgonnais, je fus invité comme délégué au Congrès mondial des forces pacifiques à Moscou. Je devais y témoigner à la commission des droits de l’Homme pour rappeler le sort de mes camarades vietnamiens encore emprisonnés en violation avec les accords de Paris. C’était l’époque où circulaient déjà parmi les moscovites et ailleurs dans l’immense pays, de petites histoires que même des membres du PC soviétique aimaient à raconter :

« Un garçonnet rentre de l'école après un cours de politique. Il demande à son père : " Papa, explique-moi: qu'est-ce que c'est le Centralisme démocratique ? " Le père, embarrassé, ne trouve pas les mots pour que son fils comprenne. Il a donc recours à une petite mise en scène pédagogique. Il répond : " Le Centralisme démocratique c'est le centralisme et la démocratie. Je commence par t'expliquer le Centralisme " . Il demande à son fils d'aller lui chercher un seau plein d'eau et lui dit : " Reste ici, en bas de l'escalier et regarde-moi ". Puis il monte les marches avec le seau plein d'eau et, arrivé au premier étage, il appelle son fils : " Regarde moi bien et ne bouge pas ! " - " Oui papa ! " Et le père verse toute l'eau du seau sur le petit garçon en disant : " ça c'est le centralisme ! ". Le petit est trempé et choqué. Quelques secondes après, il demande à son père : " Et la démocratie, qu'est-ce que c'est ? ". Son père lui répond : « Viens chercher le seau vide, remplis-le. Puis descend où tu étais, au bas de l'escalier. Tu es prêt ? Le seau est bien plein ? " - " Oui papa ". " Regarde-moi bien. Tu me vois bien, en haut des marches ? " - " Oui papa ". -" Alors, jette-moi l'eau ! ". Le garçonnet s'exécute sagement et reçois toute l'eau qu'il essayait de jeter au-dessus de lui. Il est complètement trempé pour la deuxième fois, mais il a bien compris le fonctionnement du Centralisme démocratique : ce qui sont dessous et qui fatiguent sont toujours trempés !  »

Cette histoire, mon interprète de l’époque me l’avait racontée avec un sourire crispé, dans une forme d’ironie résistante qui ressemblait étrangement à celle que pratiquaient certains journalistes et opposants saïgonnais sous la cruelle dictature du fantoche Nguyễn Văn Thiệu : se moquer de son malheur, accuser le système sans nominalement citer de responsable.

Centraliser la démocratie ou démocratiser le centralisme ?

Bien sûr au Vietnam aujourd’hui, la situation est bien différente et je n’oserai pas la comparaison bien que je commence à entendre ce genre d’histoires. Car l’enjeu démocratique n’a pas changé et « le Vietnam d’en bas » est las d’être douché, fatigué de s’asperger vainement, de remonter docilement le seau plein et de voir petit à petit le puits se vider. La question devient tellement pressante que M. Tô Huy Rứa, membre du Bureau politique, secrétaire du Comité cental, responsable de la propagande et de l’education s’explique sur le fameux concept auprès d’un journaliste de SGGP le 03 11 2010 : « Le centralisme démocratique est le principe qui régit l’ensemble du mécanisme de l’organisation, de la vie et de l’action du Parti, c’est un des principes essentiels dont dépend la survie du Parti, c’est la base qui différencie un Parti communiste authentique des autres partis ». Et il ajoute : « Dans l’action idéologique et d’argumentation du Parti, quelquefois, ici ou là, on n’applique pas la liberté de penser dans le fonctionnement du centralisme démocratique, en violation de ce principe. Ces faits sont contraires à l’essence du Parti. »

Le rôle dirigeant du Parti

Quelquefois, la dialectique fait aussi partie des principes… qui permettent aux chats politiques de tous pays de toujours retomber sur ses pattes. Le journal Quân đội Nhân dân du 07 11 2010 formule bien clairement la question comme une chose tout à fait naturelle :  « (si) le Parti est progressiste et révolutionnaire la société est stable, le pays se développe ; dans la difficulté, il trouve toujours la voie pour tout le peuple ; au contraire, si le parti est corrompu, s’il est dans l’erreur, le pays est plongé dans le malheur et les troubles ». (Cette deuxième éventualité n’est-elle pas à étudier minutieusement et honnêtement au sujet des méga projets bauxite, TGV et des méga faillites d’entreprises publiques avec les responsabilités personnelles qu’elles impliquent au plus haut niveau comme dans le cas de Vinashin ?)

Dans tous les cas, le schéma repose sur l’omniscience et l’omnipotence d’une petite minorité : le bon peuple, plein de confiance ou pas encore adulte doit abandonner son sort dans les mains du Parti en espérant que celui-ci sera le bon guide sinon, ce sera la douche populaire, laissant les dirigeants confortablement installés, bien au sec et prêts à recommencer. Or, il se trouve que récemment se fait jour un phénomène tout à fait nouveau dans la société vietnamienne : des objections démocratiques de taille et de fond de la part de communistes responsables et lucides viennent frapper au portillon du centralisme poussiéreux. Ainsi, le député Vũ Quang Hải (Hưng Yên) « propose qu’on ne devrait pas appliquer le principe de la « démocratie centralisée » à la place du « centralisme démocratique ». Et il ajoute : « …s’appuyer seulement sur le centralisme n’est pas créatif, facilite le fait imposé et, en réalité a révélé les nombreux échecs de ces faits imposés ». Un autre député, M. Nguyễn Ngọc Đào (Hà Nội) ainsi que son collègue Nguyễn Văn Thuận (Quảng Nam) touchent indirectement à l’article n°4 de la Constitution de 1992 qui affirme comme un préalable à tout autre la prééminence absolue du PCV sur l’ensemble de la vie de la société : « Quand le Parti cessera-t-il de se substituer à l’Etat ? ». Et il résume à une expression ce fonctionnement « …une idée venant du Secrétaire doit être réalisée, ce qui conduit à une façon de diriger consistant à « montrer du doigt le travail à faire ». Le rôle dirigeant se gagne, se prouve, se confirme par des succès, au jour le jour, dans les nouveaux défis. Tout au long du terrible combat de résistance contre le colonialisme et l’impérialisme le PCV a gagné sans conteste son rôle dirigeant dans l’action. Pourquoi, trente cinq ans après la libération et la réunification du pays, ce rôle dirigeant se décrèterait-il comme une espèce de privilège hérité une fois pour toute du passé, même si celui-ci est chargé de gloire ?

Le spectre du complot étranger

Dans le mouvement social qui se dessine, le spectre du complot mené par l’étranger au nom de la démocratie est souvent brandi par un conservatisme frileux. Il est de moins en moins convainquant s’agissant des puissances capitalistes avec lesquelles le Vietnam est lui-même de plus en plus résolument engagé dans une économie de marché. Surtout quand le business local revêt quelquefois plus d’agressivité que dans certains pays concernés par ces coopérations. D’autre part, les milliards de dollars d’aide internationale appelés et reçus annuellement montrent bien que la voie de l’argent est souvent étrangère aux préoccupations démocratiques. Le capital n’a pas d’état d’âme devant le profit. Sa logique ne connaît ni la notion de patrie ni celle des valeurs humaines. Il doit s’accumuler toujours plus vite et toujours plus. Son but n’est pas de renverser les régimes qui entrent dans sa logique. Comme la maffia, il aime la stabilité, peu importe à quel prix elle est obtenue : « Business, do not disturb ».

La vraie menace du complot de l’Etranger pourrait plutôt venir de la surenchère anti-démocratique venant du Nord, car, à la lumière des évènements récents, Pékin aurait plutôt tendance à donner aux dirigeants du Vietnam des leçons de prise en main plus ferme de ceux qu’un de leurs quotidiens appelle la « nébuleuse » des opposants (phản biện.). S’engager plus avant dans cette voie isolerait et déstabiliserait le régime à court terme. Cela conduirait la société à la division et le pays à une vulnérabilité propice à toutes les agressions. Non ! La fronde démocratique actuelle, partie visible de l’iceberg social, ne vient pas de l’Etranger mais essentiellement de l’intérieur. Elle est nationale et patriotique. Elle profite peut-être des antagonismes et des rivalités suscitées par la préparation du XIème Congrès du PCV pour se glisser dans des brèches « permisses » par certains groupes pour mettre les rivaux en difficulté, mais ses revendications et ses préoccupations sont bien réelles. ET si elle s’exprime par la voix d’intellectuels, d’anciens révolutionnaires, (cách mạng lão thành), et autres personnages illustres, elle témoigne au fond de l’exigence démocratique d’un peuple qui devient adulte, d’un besoin vital de communication, d’information, de participation. D’une jeune société qui pousse et dont on n’arrêtera pas le mouvement.

Les slogans n’effacent pas la réalité vécue

Pour la majeure partie de la population, depuis longtemps les discours servis réchauffés et les slogans pavoisant les rues aux côtés des publicités agressives des banques et autres grands marchands ont perdu leur sens. J’ai même vu le matin du 1er novembre à HO Chi Minh ville, une banderole publicitaire géante plaquée fièrement sur la façade du palais de la réunification pour vanter une marque de voitures ! Pour beaucoup, les mots sont usés, galvaudés ,et sont quelquefois devenus dérision car ils viennent contredire la réalité. Peu importe pour eux comment on appelle le régime : les gens le jugent à ses réalisations et à son comportement quotidien. Leur jugement est concret puisqu’il s’agit de leur vie réelle. Les plus pauvres ont de plus en plus de mal à vivre et le fossé, de plus en plus visible, qui les sépare des plus riches, de plus en plus riches, ne cesse d’augmenter. Le besoin de respiration intellectuelle, d’initiative, de création, se fait de plus en plus pressant dans une société perméable et changeante que l’on a ouverte au grand business mondial et qu’on l’on voudrait en même temps enfermer dans une boîte hermétique au temps et au progrès humain.

La répression n’effacera pas le desoin de démocratie

Choisir la carte de la force violente et de la peur pour retarder les échéances démocratiques ne fera qu’augmenter la pression, provoquer la douleur et renforcer l’aspiration au changement à n’importe quel prix. Y compris au profit de nouveaux tyrans déguisés prêts à se proposer en sauveurs. Arrêter les bloggers, hacker les sites internet, presser les journalistes dans un rôle de serviteurs du Parti, malmener les avocats qui réclament un Etat de droit, entraver les étudiants qui se dressent contre le hold-up chinois sur les archipels vietnamiens en mer de l’Est, tout cela ne fera pas oublier les terres illégalement confisquées aux paysans et à certains citadins, celles, quelquefois stratégiques, louées pour des décennies à l’envahissant voisin du Nord qui y fonde familles en paupérisant encore plus les populations autochtones; les golfs pour riches qui occupent les rizières des pauvres ; les reins vendus par les étudiants pauvres pour payer leurs études, les milliers de jeunes femmes pauvres exportées par les filières maffieuses ou livrées à la prostitution au grand jour dans les villes avec la protection en réseau de certains cadres impitoyables ; les citoyens malmenés, rackettés ou battus à mort par la police dans les postes ou même sur la voie publique ; les bébés vendus à la porte de la maternité ; l’industrie des faux-diplômes achetés dans le pays ou à l’étranger pour servir la compétition entre candidats aux postes de cadres qui « soumissionnent » comme de véritables investisseurs ; les pauvres glaneurs de cafés livrés sans défense aux morsures mortelles des chiens de garde du propriétaire terrien protégé par la police ; le gaspillage des ressources naturelles livrées aux plus offrants souvent dans une grande opacité ; les pollutions sources de profits fulgurants pour des patrons voyous souvent protégés par les autorités et causes de malheurs sans fin pour les populations…

Quel dirigeant peut affirmer sans mentir qu’il ignore cette réalité ? Signataire des deux pétitions pour interrompre le néfaste projet d’exploitation de la bauxite sur le Tây Nguyên, je pourrais encore allonger la liste de ce triste inventaire sans dire une seule contre-vérité. Oui, cette société, ce pays, pays ont besoin de lumière, d’air, de participation réelle des citoyens.

La répression n’est pas signe de force

Bien sûr, chaque société a ses maux et les sociétés dites démocratiques bien que plus riches en libertés formelles n’ont souvent pas de leçons à donner au Vietnam. Leur degré de paupérisation s’accroît au fur et à mesure des crises tandis que leurs milliardaires du grand patronat et des banques ne cessent de s’engraisser. Les affaires de corruption se révèlent au plus haut niveau de l’Etat et deviennent chose banale. Les gouvernements sont de plus en plus sourds à la misère des pauvres et on sent bien la violence monter. Ne parlons pas de la société chinoise qui serait plutôt un modèle de l’anti-démocratie.

Il est vrai que le Vietnam se construit sur des blessures profondes et non cicatrisées dont il n’est pas responsable. La tâche est extrêmement complexe : c’est vrai. La situation géopolitique près d’un colosse glouton et sans état d’âme est très délicate à gérer : c’est vrai. Mais j’ai envie de dire à ceux qui animent ce Maccarthysme qui monte actuellement dans la société vietnamienne : s’il vous plaît, ne tirez pas sur l’ambulance ! Un peu d’honnêteté, de respect et d’esprit responsable. Arrêtez de faire porter des chapeaux, de menacer, d’emprisonner, de salir l’honneur, de piétiner la vie de famille et la vie privée des opposants qui s’élèvent contre ces maux et leurs responsables car ces gens de courage défendent le pays ! Les actes répressifs ne sont pas des signes de force et d’autorité. Au contraire, ils dénotent la peur. Une peur différente de celle qu’éprouve la population mais peut-être plus forte encore au vu des actes absurdes et cruels auxquels elle conduit. Alors que la solution patriotique est à l’opposé. Comme l’écrit un certain M. Bùi Đức Lại dans le journal Vietnam net du 04 05 2010 « Les forces d’opposition ne peuvent « utiliser la démocratie » comme argument que s’il y a vraiment manque de démocratie. La seule façon de répondre efficacement à cette « utilisation de la démocratie », c’est de remédier avec détermination à ses manquements. ». Et je suis aussi de l’avis du journaliste qui conclut ainsi son article : « Il est clair que ne pas s’obstiner à réaliser la démocratie c’est inéluctablement aller vers des catastrophes durables

La lutte a des côtés magiques

Pour terminer sur une note plus légère, et toujours pour abonder dans le sens de M. Lê Hiếu Đằng quand il parle de la nécessité de lutter, je voudrais vous ramener au Congrès de Moscou en 1973 où j’ai aussi appris que la lutte est quelquefois magique : elle peut transformer une voiture en autobus. Je n’ai jamais écrit cette anecdote et j’ai plaisir à la livrer ici à nos amis lecteurs.

En bon instituteur, j’avais bien préparé mon intervention sur les emprisonnés politiques du régime de Saïgon. En particulier, j’étais en possession de beaucoup de lettres de prisonniers, très émouvantes, qui m’étaient arrivées clandestinement à Paris par le canal du GRP. Je les avais traduites en français et en anglais et voulais les faire polycopier en de nombreux exemplaires pour les distribuer aux délégués étrangers de la commission sur les droits de l’Homme ainsi qu’aux journalistes présents. Je demandais donc au chef de ma délégation de transmettre ma demande aux organisateurs soviétiques. Pas de réponse, puis réponse négative : il n’y a pas de véhicule disponible pour se rendre au centre disposant d’une ronéo. Je rappelle qu’à cette période, c’était le grand rapprochement entre les dirigeants soviétiques et américains. D’ailleurs, les mots « impérialisme américain » avaient été bannis du vocabulaire officiel du Congrès. Seuls les délégués des pays capitalistes l’employaient. J’avais le sentiment que les accords de Paris signés, les soviétiques étaient passés à autre chose et que mes amis prisonniers, plus que jamais en danger dans les griffes du régime agonisant du Sud, allaient être laissés pour compte. Je ne voulais pas que mon intervention en leur faveur soit minimisée par les « contraintes » de l’organisation. Je demandais donc à mon chef de délégation de transmettre aux organisateurs le message suivant : «  Si je n’ai pas la possibilité d’imprimer et de distribuer ces lettres, si je n’ai pas une table et une chaise pour le faire au fond de la salle de réunion après mon intervention, je consacrerai 5 minutes des dix minutes du temps de parole qui m’était attribué à expliquer à l’ensemble des délégués et aux journalistes présents que l’organisateur soviétique d’un Congrès mondial les privait de documents uniques et de première urgence, faute d’accès à une ronéo ».

Une heure après, un autobus arrivait devant la salle où nous déjeunions et mon interprète, sincèrement heureux, m’invitait à aller faire autant de copies que je désirais. En bras de chemise, par moins 17 degrés, je n’ai pas senti le froid. Lors de mon intervention, malgré le roulement d’yeux répété du camarade Elie Mignot, membre du Comité central, chef de délégation française et responsable de l’animation de la commission, j’ai volé à la bureaucratie soviétique, pour mes camarades encore derrière les barreaux, 10 minutes de parole supplémentaires, doublant ainsi mon temps de parole initial.

Oui, je suis bien d’accord avec M. Lê Hiếu Đằng : la démocratie, si ça ne se donne que très rarement, ça se prend !

En conclusion à cette modeste contribution au débat actuel, je dirai que, jusqu’à présent, si les partis communistes du monde entier en situation d’oppression populaire ou/et sociale ont toujours été profondément immergés, enracinés dans leur peuple et ont toujours largement répondu présent aux sacrifices dans les luttes pour la démocratie, aucun d’entre eux une fois au pouvoir n’a validé durablement les attentes populaires pour une société de libertés qui l’avaient porté à la direction du pays. Au contraire, à l’expérience, ces partis, s’éloignant de leurs racines au fur et à mesure de leur pouvoir exclusif, ont souvent donné d’eux une image fort négative, quelquefois terrible, ternissant gravement leur idéologie. Le parti communiste vietnamien à l’histoire flamboyante dans ses combats de libération nationale va-t-il faire exception à cette triste règle ? Aura-t-il le courage, l’intelligence, la créativité, l’humanisme de l’innovation démocratique ? Il pourrait en retirer admiration, reconnaissance et fierté ou bien laisser de lui l’image d’une triste et douloureuse décadence.

Hồ Cường Quyết (André Menras)

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