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Réponse à M. Nghiêm Phong Tuấn

- François GUILLEMOT — published 12/06/2019 21:15, cập nhật lần cuối 14/06/2019 10:31


Droit de réponse à une lettre de lecteur


« Y A-T-IL EU UNE TROISIÈME FORCE
AU VIÊT-NAM, 1947-1948 ? »

RÉPONSE À M. NGHIÊM PHONG TUẤN


François Guillemot



Le 15 mai 2018, il y a un peu plus d’un an, le journal Diễn Đàn Forum en ligne publiait les remarques  de M. Nghiêm Phong Tuấn concernant mon ouvrage sur l’histoire du Đại Việt paru aux Indes savantes en 2012 1. Cet ouvrage est issu de ma thèse de doctorat soutenue en 2003 à l’EPHE à Paris à l’issue d’un travail de cinq ans (1998-2003) sous la direction du Professeur Nguyễn Thế Anh. Il aura donc fallu neuf ans pour que ce travail sur le mouvement nationaliste non communiste, précisément sur l’histoire du parti Đại Việt Quốc Dân Đảng, soit porté à la connaissance public et je dois remercier les Indes savantes pour cette initiative courageuse car les ventes de ce type de grosses monographies (738 p., 39 euros) sont souvent anecdotiques dues à un public relativement limité. L’ouvrage ayant reçu une vive critique de M. Nghiêm Phong Tuấn (fils de Nghiêm Xuân Thiện, ancien Gouverneur du Nord Viêt-Nam en 1947-1948), j’ai décidé de répondre à la fois sur la forme de la critique et sur le fond, ce qui me paraît plus intéressant à travers une question posée en titre de ce billet.


Echange cordial et fructueux sur deux assassinats politiques...


En préambule de mes présentes remarques, je dois informer vos lecteurs que j’avais débattu très courtoisement à plusieurs reprises avec M. Nghiêm Phong Tuấn en mai, juin et décembre 2015 puis de nouveau en juin et septembre 2017 (Voir liste de nos échanges en fin de billet). Nos échanges ayant tous été en français, je répondrai ici dans la langue de Molière 2. Nos échanges concernaient d’abord l’assassinat du lettré révolutionnaire Nhượng Tống et le rôle de l’avocat Lê Ngọc Chấn, un des chefs du Việt Nam Quốc Dân Đảng (VNQDĐ) en 1947, dans cette affaire. Les deux hommes appartenaient au même parti, le VNQDĐ ou Parti nationaliste du Viêt-Nam, Nhượng Tống en étant un des co-fondateurs en 1927, Lê Ngọc Chấn ayant rejoint cette organisation à la fin de l'année 1946. Je validais provisoirement la thèse d’un assassinat organisé et perpétré par un agent Vit Minh à Hanoi et ce d’autant plus que cet assassinat est revendiqué dans les récits publiés en République socialiste du Viêt-Nam. Se basant sur les propos de son père M. Nghiêm Xuân Thin, décédé en 2003, ancien Gouverneur du Nord Viêt-Nam, M. Tuấn ne croit pas à cette thèse, accusant Lê Ngọc Chấn d’avoir été un agent double au service des Français. Cette histoire est à éclaircir et l'hypothèse n'est pas à rejeter. Cependant, à ce stade, je n’ai rien trouvé dans les archives qui allaient dans ce sens et je lui ai donc dis que je restais très dubitatif sur ce point.




LNC

Lê Ngọc Chấn (alias Quang Minh)

Lê Ngọc Chấn (1915-1986), fut un des chefs du VNQDĐ en 1947-1948, ancien Ministre de la défense du premier gouvernement de Ngô Đình Dim en juillet 1954 puis ambassadeur de la République du Viêt-Nam. Avocat de son métier, il défendit le dissident Hòa Ho Ba Ct, condamné à mort puis exécuté par le régime diemiste. Membre de l'opposition nationaliste au régime de Ngô Đình Dim, il fut l'un des 18 signataires du "groupe Caravelle", exigeant la démocratisation du régime. Pour son engagement politique au sein du VNQDĐ, il connut la prison à de nombreuses reprises. Aperçu biographique dans Chính Đạo [Vũ Ng Chiêu], Việt Nam niên biểu III. Nhân vật chí [Chronologie du Viêt-Nam III. Personnalités], Houston, Văn H, 1993, p. 208-209.


Voici la raison pour laquelle je reste toujours dubitatif : l'accusation portée contre Lê Ngọc Chấn émane d'un livre de souvenir de Nguyễn Thch Kiên, un autre militant du VNQDĐ, publié aux États-Unis en 1996. Dans le chapitre intitulé "Đốt lò hương ấy..." il retrace la période 1950-1954. Alors que Nghiêm Xuân Thin est de nouveau retourné au Viêt-Nam après deux ans passés à Londres, Nguyễn Thch Kiên lui rend visite à Hanoi. Évoquant la figure de Nhượng Tống dans une discussion, Thin lui aurait dit : « Ở Anh quốc, được tin ông Nhượng Tống bị ám át chết, tôi biết ngay chính Chấn Quang Minh ra lệnh ! » ["En Angleterre, j'ai reçu la nouvelle de l'assassinat de Nhượng Tng, je sus immédiatement que précisément Chn Quang Minh [pseudonyme de Lê Ngọc Chấn] avait donné l'ordre"] 3. Cette accusation grave est donc une déduction, une intuition formulée comme une vérité absolue d'une personne résidant à l'époque dans un autre pays concernant un assassinat perpétré à Hanoi un an plus tôt et dont il prit connaissance tardivement. Nous n'étions pas à l'heure d'internet et de la circulation instantanée de l’information. Une intuition, même forte, ne constitue pas une preuve en soi. Nguyn Thch Kiên, l’auteur de cette polémique, est aujourd’hui décédé et, sauf erreur de notre part, personne n’est à ce jour revenu sur cette affaire. M. Tuấn lui-même m'écrivit que l'information tenue de son père trouvait son origine dans un propos rapporté d'un membre du VNQDĐ. Rappelons que tout ceci se déroule au sein d'une même organisation sur un fond de rivalités personnelles.



NT

Nhượng Tống (Hoàng Phạm Trân)

Nhượng Tống (1904-1949), pseudonyme littéraire de Hoàng Phm Trân était un journaliste, un écrivain, un traducteur et un révolutionnaire. Issu d'une famille de lettrés résistants à la colonisation française, il fut marqué par cette filiation dans son œuvre littéraire et dans son action politique. Ses frères Phm Tun Lâm et Phm Tun Tài furent à l'origine de la création des éditions Nam Đồng Thư xã en 1926, dont les publications encourageaient le patriotisme. Le 25 décembre 1927, avec Nguyễn Thái Hc et d'autres jeunes lettrés révolutionnaires, il fait partie du groupe fondateur du Parti Nationaliste du Viêt-Nam (VNQDĐ). Membre du comité central, il préconise la « révolution pacifique » et prend en main la propagande et la formation des cadres. En 1929, à la suite d'une vaste répression de la Sûreté coloniale, Nhượng Tống est arrêté, condamné à dix ans d'emprisonnement et déporté au bagne de Poulo Condore. Prisonnier, il ne participe pas au soulèvement de Yên Bái de février 1930. Il est libéré en 1936 à la suite des mesures préconisées par Front populaire dans les colonies mais, de retour dans son village natal, il reste assigné à résidence. Après la "révolution" d'août 1945, il s'engage dans le Front des partis nationalistes (Mt Trn Quc Dân Đảng), alliance entre les partis Đại Việt et le VNQDĐ contre le Vit Minh. Il rejoint Hanoi en 1947 et entreprend la réorganisation du VNQDĐ dans les territoires occupées par la France. Au début de l'année 1947, il soutient le Front de Nankin dirigé par l'écrivain Nht Linh (Nguyễn Tường Tam) favorable au retour de Bo Đại. Vigilant et critique sur le rôle de l'ex-empereur, il devient alors conseiller politique du Gouverneur du Nord Nghiêm Xuân Thin. Les querelles de pouvoir au sein du VNQDĐ l'écartent peu à peu de la politique. Son passé le rattrape en 1949. Cible des commandos d'élimination du Vit Minh depuis 1945, il est assassiné à Hanoi le 8 novembre 1949. Il laisse derrière lui de nombreuses œuvres historiques et traductions de classiques chinois. Son œuvre tout comme son action politique est à redécouvrir. Aperçu biographique dans Chính Đạo [Vũ Ngư Chiêu], Việt Nam niên biểu III. Nhân vật chí [Chronologie du Viêt-Nam III. Personnalités], Houston, Văn Hóa, 1993, p. 156-157. ; Việt Nam danh nhân từ điển, Houston, Zeileks Co., 1981, p. 350 (réédition).


Nos échanges ont ensuite porté sur les mémoires posthumes et reconstruites de Nguyễn Xuân Ch, un dignitaire clé, Président du Comité de salut public au moment de la "Révolution d'août", sur lesquelles il y aurait beaucoup à dire 4. Malgré le fait que l’ouvrage ait été édité par une faction du VNQDĐ localisée au Texas, l’ouvrage n’est pas très précis sur l'assassinat de Nhượng Tống et la reconstitution de dialogues imaginaires tient plus du roman que du fait historique. Le nom de Lê Ngọc Chấn n’est d’ailleurs explicitement pas mentionné même s'il est sans doute visé 5.

Concernant le second assassinat, celui de Trương Đình Tri le 10 octobre 1947, évoqué aux pages 427-428 de mon ouvrage, je me suis appuyé sur les histoires de la Police populaire (Công An Nhân Dân) publiées à Hanoi qui revendiquent l'assassinat et il est possible qu'il y ait une confusion sur la temporalité de cette action 6. Je vérifierai à l’aune d'autres documents 7. Quoiqu'il en soit de cette chronologie, Nghiêm Xuân Thin constituait bien une cible pour les comités d'assassinats du Vit Minh, ce que M. Tuấn m’a par ailleurs confirmé.

Sur la qualification de Nghiêm Xuân Thin de « pro-français » rapportée dans mon ouvrage, ce qualificatif, sans doute pas assez nuancé, repose sur l'analyse de Hoàng Văn Đào 8. En outre, il conviendrait d'interroger la construction de ces catégories socio-politiques (thân Pháp « pro-Français », thân Nhật « pro-Japonais », Vit gian « traître »...) courantes à l'époque, créées dans un contexte de guerre civile latente et de concurrence politique, car elles furent lourdes de conséquences. Cependant, il y avait une véritable divergence de vue au sein du VNQDĐ à cette époque. D'autres documents l'attestent. Néanmoins, la question qui se pose : pourquoi Nghiêm Xuân Thin accepte-t-il le poste de Gouverneur du Nord alors que l’État du Viêt-Nam n'a pas encore vu le jour ? Quel rôle politique veut-il jouer ? Comment se positionne-t-il face au retour militaire des Français dans le Nord ? Est-ce simplement pour influencer Bảo Đại dont il souhaitait qu'il dirige depuis la France ou Hong-Kong (sans revenir au Viêt-Nam) le futur État nationaliste comme le défend M. Tuấn ? Peut-il faire figure d’attentiste alors même qu’il s’engage dans ce type de responsabilités ?

D'une façon générale, nous en étions arrivés, M. Tuấn et moi-même, à reconnaître que dans nos échanges nos points de vue différaient car ils étaient liés non à des erreurs factuelles mais à des interprétations divergentes et des questions de nuances. Raison pour laquelle je trouve assez osé d'affirmer tout de go dans sa recension : « Nhiều chi tiết cho ra trong sách rất sai sự thật » [De nombreux détails mentionnés dans le livre sont contraires à la vérité] et plus loin « và nhiều chi tiết như thế » [il en va ainsi pour de nombreux autres détails] donnant l'impression au lecteur que mon ouvrage est truffé d'erreurs. Il y en a certainement, mais il n'y a pas de faits non documentés. Cette assertion jette une forme de discrédit sur l'ensemble de l'ouvrage et je le regrette. Je pense que M. Tuấn aurait eu tout intérêt à mettre en ligne sur Din Đàn le document d'un peu plus de trois pages qu’il m’a envoyé le 29 décembre 2015 car il apporte des nuances et des informations complémentaires sur cette période historique qui méritent mon attention. Quoiqu’il en soit, les différents échanges qui courent sur plus de dix pages de mails ont été à mon sens très fructueux. Il est toujours intéressant d’avoir un retour critique (même négatif) sur ce que l’on entreprend.


Méthodologie et sources : un présupposé malheureux


Lors de nos échanges cordiaux et donc assez conséquents, lors desquels M. Tuấn m’appelait « cher ami », son avis me paraissait mesuré même s'il y avait au départ un biais mémoriel. D’où ma surprise de lire une attaque en règle concernant ma méthodologie qui aurait été partie prenante de mon contexte familial de l’époque. Ce contexte familial que M. Tuấn ne connaît que par nos échanges l'amena à en déduire que mon travail était "erroné car la méthode de travail était mauvaise" (Sai vì phương pháp làm việc sai). Je tiens à clarifier ici la situation.

Premièrement, il est exact que ma première épouse est la petite fille (cháu ngoi) de Lê Ngọc Chấn, rencontrée à l’université Paris 7 alors que nous étions tous les deux étudiants en section vietnamienne. J’ai connu sa grand-mère, donc l’épouse de Lê Ngọc Chấn, Mme Trn Th Vân Chung (nom de plume Vân Nương), à Sarlat à la fin des années 1990 lorsque je faisais ma thèse. C’est une poétesse importante et méconnue de l’histoire culturelle de Saigon (groupe Qunh Giao). Je n’ai par contre jamais rencontré M. Chn pour la simple raison qu’il était décédé au Viêt-Nam en 1986. Aux dires de sa famille, les autorités vietnamiennes lui avaient confisqué son passeport et il lui était impossible de se rendre en France dans le cadre du regroupement familial alors qu’il était sorti de camp de rééducation affaibli et malade. Comme beaucoup d'anciens rééduqués politiques, sorti de camp malade, il ne put retrouver sa santé. Il devait donc décéder sans revoir sa famille en France. Je suppose qu’en le laissant partir le régime communiste redoutait la reconstitution d’une branche du VNQDĐ en France (c’est une supposition). En France, sa famille fit paraître un avis de décès dans le journal Le Figaro mettant en avant ses anciennes fonctions d’ambassadeur de la République du Viêt-Nam (en Tunisie si ma mémoire est bonne).

Au sein de la famille de M. Chn résidant en France, personne ne connaissait précisément (je veux dire dans le détail) son rôle politique au sein du VNQDĐ. C’est assez courant chez les leaders politiques, le fonctionnement du parti reste secret même et peut-être surtout au sein de la famille pour éviter les fuites. Un cadre proche du Parti, un "frère d'armes", possède en général plus d’informations que l’épouse ou les autres membres de la famille ou encore les enfants. Cas précisément le cas de M. Tuấn qui reste arc-bouté sur des propos de son père venant de ouï-dire du VNQDĐ comme il me l'a confirmé.

Par contre, grâce à cette filiation, étant marié à l’époque avec la petite-fille de M. Lê Ngọc Chấn, je suis entré en contact avec des personnalités du Đại Việt et du VNQDĐ aux États-Unis et au Canada avec lesquelles j’ai pu mener des entretiens directs ou par téléphone (par ordre alphabétique : Bùi Diễm, Nguyn Tôn Hoàn, Nguyễn Tường Bách, Nguyễn Văn Canh, Phm Đăng Cnh, Phm Chí Chính, Phm Xuân Ninh alias le poète Hà Thượng Nhân…). Ces entretiens tout à fait intéressants, mentionnés en p. 633 dans les sources de mon ouvrage, m'ont servi à vérifier certains points obscurs et à recouper les informations à partir des archives françaises et des publications vietnamiennes à l’intérieur du pays, produites par le Parti Communiste du Viêt-Nam, ou à l’extérieur, produites par la communauté exilée. Il ne s’agissait pas de conduire une histoire orale du parti ce qui aurait été une autre affaire d’ailleurs difficile à mener compte-tenu des décès précoces des principaux protagonistes.

En aucun cas, comme le souligne M. Tun : « Những thông tin viết trong sách đều từ Lê Ngọc Chấn đưa ra, mà không có văn kiện làm chứng » [Toutes les informations du livre proviennent de Lê Ngọc Chấn, sans mention de documents tangibles]. Je répondrai à cette assertion sur le ton professé par M. Tuấn : « Sai rồi ! » [Erreur !]. Aucune information dans mon ouvrage ne provient directement de la famille de Lê Ngọc Chấn pour la simple raison évoquée plus haut, il n’y avait pour ainsi dire aucune information précise à recueillir (à ma grande déception, ni d’un point de vue oral, ni textuel, pas de documentation privée). En outre, les archives consultées et les documents utilisés sont dûment mentionnés dans l’appareil critique de l’ouvrage et en fin d’ouvrage dans la partie « Archives », aux p. 617-632.

A ce titre, pour mener à bien cette recherche, je me suis appuyé essentiellement sur les archives françaises et vietnamiennes (principalement aux Archives nationales d’outre-mer à Aix-en-Provence, au Service historique de la Défense à Vincennes, au Centre n°1 des Archives nationales du Viêt-Nam à Hanoi…) et mes informations sont dûment mentionnées renvoyant à des dossiers et des documents précis. On peut en contester leur origine, leur construction ou leur fiabilité, mais il faut pouvoir le faire dans règles de l’art. L’écriture de l’histoire nécessite de citer ses sources, à partir desquelles des interprétations peuvent aussi diverger. Je me suis appuyé également sur la littérature produite en vietnamien venant d'horizons différents et toutes ces références sont dûment citées en bibliographie.

Deuxièmement, l’accusation portée contre moi de ne pas avoir utilisé le journal Thời Sự [Actualités] est aberrante. Me signaler cette source importante est tout à fait légitime. Dire que de cette source sortira la vérité sur cette période est juste exagéré. Je cite M. Tuấn : « Sự thật mà François Guillemot không nhìn thấy, nó ở trong báo Thời Sự, cơ quan ngôn luận của những người quốc gia hợp quần chung quanh Tổng Trấn, Trần Trung Dung, Nhượng Tống và vài đồng chí khác. » [La vérité que François Guillemot n’a pas vue, se trouve dans le journal Thời Sự, organe d’expression des nationalistes et compagnons autour du Gouverneur [Nghiêm Xuân Thiện], de Trần Trung Dung, de Nhượng Tống et d’autres camarades]. Ce n’était d’ailleurs pas le cœur de mon propos et dans nos échanges, j’avais indiqué à M. Tuấn tout l’intérêt qu’il y aurait à mener une étude plus spécifique sur le groupe Thời Sự à Hanoi à cette époque et sur le positionnement politique de ce groupe 9 dans le contexte du retour politique et militaire de la France. Tout comme il me paraît important de mener, plus globalement, une étude spécifique sur la période de gestion de la ville par le Hi Đồng An Dân Bc Phn, conseil de transition installé à Hanoi, entre le départ de la guerre d’Indochine au Nord le 19 décembre 1946 et la fondation de l’État de Bo Đại en 1948-1949. D’autant plus que l’on peut imaginer l’existence d’une sorte de « troisième force », interface entre la France, le Vit Minh et la droite nationaliste, pendant la période 1947-1948, juste avant l’avènement de cet État concurrent de la République Démocratique du Viêt-Nam de Hồ Chí Minh (alors dans le maquis). Cette hypothèse que je soumets serait à mon avis intéressante à creuser.

A croire M. Tuấn, j’aurai volontairement écarté le journal Thời Sự comme source valable, ce qui est absurde. J’ai passé de nombreuses heures à consulter la presse dans le fonds des périodiques du dépôt légal de l’Indochine à la Bibliothèque nationale de France (BNF) mais ma moisson était forcément limitée. Il est de même pour l’ouvrage de Nguyễn Xuân Ch sur lequel nous avons longuement échangé en juin 2015 et pour d’autres sources encore. Par rapport à ces manques, il faut rappeler que je ne pouvais pas (cet n’était d’ailleurs pas mon intention) me lancer dans une histoire politique globale du Nord Viêt-Nam entre 1930 et 1954. Mon objectif, mon horizon d’attente en tant qu’historien, étant de mieux saisir le rôle du parti Đại Việt, sur lequel personne n’avait jamais encore travaillé et sur lequel on avait encore peu de visibilité. Ce projet était déjà assez ambitieux. Ceci étant dit, ma prochaine excursion dans le fonds des périodiques vietnamiens de la BNF se penchera sur le Thời Sự.

Je ne reviendrai pas point par point sur les informations que donnent M. Tuấn sur l’orientation politique de son père à cette époque, orientation « pro-française » ou non d’un membre de l’élite politique de l’époque de la guerre d’Indochine. Elles sont intéressantes et évidemment toutes à vérifier et à recouper. Hoàng Văn Đào dans sa monographie sur le VNQDĐ (seconde édition de 1970, p. 463-464) montre clairement qu'il y a une divergence de vue et de stratégie politique vis-à-vis des Français au sein du VNQDĐ 10. Je tâcherai d'éclaircir ce point dans de futures investigations à la lumière des archives disponibles ou d'une nouvelle documentation privée surgie à la suite de la publication de ce billet.


Thời Sự, initiateur d’une troisième force entre Français et Vit Minh ?


Donc, on l'aura compris, notre échange relève surtout d'une question de méthode. Il faut remercier M. Tuấn de m’avoir signalé un certain nombre de nuances à apporter à mon récit, que seule une étude fouillée sur le VNQDĐ en 1947 et le journal Thời Sự̣ pourrait confirmer. D'une façon générale, le retour des Français posa un vrai problème politique et d'éthique aux nationalistes non communistes, ce fut le cas pour le Đại Việt comme pour le VNQDĐ. J'évoque cette question dans mon ouvrage avec l'option portée par Đặng Văn Sung : priorité à la lutte contre le communisme, dans un second temps ou en même temps poursuivre la lutte contre les Français 11. L'engagement pour l'une ou l'autre solution était compliqué à gérer dans le cadre d'une guerre civile accrue par la Guerre froide.

Concernant cette éventuelle troisième force que les Français qualifièrent « d'attentiste », il faudra un jour se pencher sur le destin politique de Nguyễn Mnh Hà à cette époque charnière marquée par le départ de la guerre d’Indochine 12. De même, une étude spécifique sur le lettré révolutionnaire Nhượng Tống serait fondamentale pour comprendre comment le VNQDĐ s'est inscrit politiquement dans ce contexte.

Pour abonder dans le sens de M. Tuấn, je le redis, une étude de la presse de cette époque, du Thời Sự et d’autres quotidiens édités à Hanoi mériterait d’être conduite pour mieux saisir comment l'intelligentsia politique se positionne dans la perspective du retour de SM Bo Đại. Je ne prétends aucunement à l’exhaustivité d’autant plus qu’à l’aube des années 2000 (période de recherche pour ma thèse), la documentation concernant l’émergence et le fonctionnement de l’État du Viêt-Nam dirigé par Bảo Đại n’était pas consultable au Viêt-Nam au Centre d’archives n°1 (j’avais juste pu consulter les fiches) et ce fonds n’était pas même mentionné dans la première édition présentant les fonds de ce centre 13. Sur ce sujet, il est important de signaler que l’étude de l’État du Viêt-Nam (1948-1954), État dirigé par SM Bo Đại, est en cours de renouvellement. De jeunes chercheurs américains s’y intéressent fortement et apporteront, espérons le, du nouveau depuis la parution de l’ouvrage de Philippe Devillers en 1952 14. C’est une période effectivement très complexe qu’il s’agit de décrypter avec soin 15.

En outre, une recherche particulière devrait être conduite sur la famille « Nghiêm Xuân » dont le rôle fut important pour l’histoire culturelle et politique du pays. Sur le modèle du travail trop méconnu de Đặng Hu Th et des intellectuels du village de Hành Thin, notamment du clan des Đặng-Vũ, il y aura une belle étude prosopographique à mener 16. J’avais invité M. Tuấn, à écrire cette contre-histoire familiale qui lui tenait à cœur puisqu’il défendait un certain nombre points en se basant sur son vécu et sur les propos de son père. Mais M. Tuấn, semble engagé dans un processus de réhabilitation mémorielle (réhabilitation de l'action politique de son père) bien différent de mon travail. Parmi les quelques erreurs signalées par M. Tuấn,, j'en profite pour rectifier celle de la p. 404 de mon ouvrage qui est de mon fait : Nghiêm Xuân Vit, membre du Đại Việt, est un frère de Nghiêm Xuân Thin et un gendre de Đặng Quc Giám, père de Đặng Quc Cơ.

Du côté du Đại Việt Quốc Dân Đảng, je n’ai reçu que peu d’échos de mon investigation historique mais une chronique est parue dans un bulletin interne du parti, publié aux États-Unis et qui m’a été envoyée en janvier 2015. Même si ce bulletin indiquait qu’il y avait des erreurs (sans les mentionner explicitement) mon ouvrage était considéré comme valable ne serait-ce que pour ce qu’il apportait comme connaissances pour les générations futures 17. Le regretté Đặng Quc Cơ (cité plus haut), originaire du Nord, ancien pharmacien à Saigon et membre de ce parti, que je côtoyais à l’EPHE à l’époque dans le séminaire de Nguyễn Thế Anh, m’avait également moralement soutenu dans cette recherche. M. Hứa Vạng Th, décédé en 2018, responsable du site d'opinion (controversé) Tin Paris et sympathisant du Tân Đại Việt, avait immédiatement fait la promotion de mon ouvrage sur son site, le considérant comme une contribution importante à l'histoire du nationalisme vietnamien. La critique littéraire Thy Khuê m'avait également communiqué en 2012 ses réflexions amicales notamment sur certains membres de sa famille membres de ce parti apparaissant dans mon livre. Il en fut de même de la fille de l'ancien ministre Lê Thăng qui m'envoya également en 2012 quelques photos de son père prises à l'époque du gouvernement de Bo Đại.

Ceci étant, mon ouvrage n’est pas exempt de coquilles, d’erreur de graphie sur des patronymes vietnamiens (trois ont été très justement signalées par M. Tuấn), parfois difficiles à décrypter dans les archives, ou de possibles interprétations trop rapides par exemple sur les causes de l’assassinat de Trương Đình Tri. Point que je rectifierai si une nouvelle édition augmentée et corrigée devait voir le jour. Ces erreurs marginales ne remettent pas le propos général en question sur cette « troisième voie » politique tentée par le nationalisme Đại Việt entre anticommunisme et anticolonialisme et les nouvelles sources que j’ai pu consulter m’ont confortées sur ce point (notamment les archives du SDECE).

Outre que le procédé est de M. Tuấn particulièrement irritant (passer d’un échange amical qu’il souhaitait confidentiel à la charge gratuite en ligne), à la différence de M. Tuấn, je n’ai aucun parti pris, aucun camp à défendre, aucune famille à réhabiliter. Je ne cherche pas à « blanchir » le cas de Lê Ngọc Chấn ou de je ne sais quel autre militant politique qu’il soit agent double, voire triple (j’ai rencontré ce cas) 18. Je suis comme vous, je cherche à comprendre et à présenter, à partir de l'intrigue que constitue cette histoire, un récit véridique dans le sens énoncé par Paul Veyne 19. En tant que « tây » j’ai d’ailleurs parfois eu des difficultés à recueillir des informations sur l’histoire politique du Đại Việt, parti cloisonné, donc le fonctionnement était secret. A titre d’exemple de difficultés rencontrées, la branche dirigée par H Thc K restait confinée dans une sorte de « secret défense » concernant les affaires de son parti. Méfiance. Un autre exemple parmi d'autres : lorsque j'arrivai aux États-Unis à la fin de l'année 1998, je cherchais à joindre Đặng Văn Sung, un cadre très important du parti. Celui-ci s'était éteint quelques mois auparavant. Pour ainsi dire, je livrais une course contre la montre pour recueillir des témoignages. Cependant, ayant consulté moult documents d'archives, je pense qu’à un certain point, j’en savais plus que les militants eux-mêmes.

Restons modeste. Ma contribution est seulement une première étape vers une meilleure compréhension de l’histoire contemporaine du Viêt-Nam. Et comme tout travail historique, il mérite révision au fur et à mesure de l’ouverture de nouvelles archives ou du surgissement d’une nouvelle documentation. Je continue d’ailleurs à communiquer en colloque et à publier dans ce sens. La satisfaction essentielle d’avoir pu mener cette étude historique est d’avoir ouvert une nouvelle brèche dans la compréhension de l’État baodaïste associé à la France. La mise en place de cet État, son évolution au fil de la guerre, a par ailleurs fortement divisé les élites vietnamiennes de l’époque. Cet État fragile, sur lequel reposait l’espoir d’une indépendance véritable, a finalement abouti à sa disparition, avec l’avènement de la République du Viêt-Nam au Sud, accompagné d’un rejet de la France et de son néocolonialisme. Ceux qui avaient soutenu SM Bo Đại, déçus et amers, se retournèrent violemment contre lui.

En conclusion : poursuivre et approfondir notre connaissance de cette période

Point extrêmement positif dans mon échange avec M. Nghiêm Phong Tuấn : de toute évidence, l’histoire de cette période est à poursuivre. Rien n’est figé dans le marbre et cette question annoncée en titre mériterait réponse : « Y a-t-il eu une troisième force au Viêt-Nam (et en Chine du Sud chez les exilés) en 1947-1948 ? ». Je serai tenté de répondre par l’affirmative à la vue d’un certain nombre de documents d’archives mais il faudrait également mesurer à quel point cette option était coincée, comme dirait l'ancien ambassadeur Bi Diễm, dans « l’enclume de l’histoire » entre la France et les nationalistes révolutionnaires vietnamiens 20. Cependant, cette force ne semblait pas véritablement structurée et ne défendait visiblement pas des positions unifiées sur le destin du Viêt-Nam comme le démontre la divergence de vue au sein du VNQDĐ à cette époque. L’étude spécifique des options du groupe Thời Sự démontrera si une ligne de conduite de type « troisième force » était vraiment défendue par ce groupe et sur quelle réalité reposait-elle. En clair quelle était la marge de manœuvre de cette force, comment a-t’elle pesé sur le cours de l'histoire ? Si M. Nghiêm Phong Tuấn possède de la documentation personnelle pouvant étayer ses dires, je lui conseille d’écrire cette partie de l’histoire restée dans l’ombre en citant ses sources avec le plus grand soin. C’est seulement à ce titre qu’il pourra fait valoir « sa vérité » et nous apprendre plus sur cette période encore peu documentée. Mais méfions-nous des reconstructions du passé visant à légitimer les positionnements politiques et mémoriels du présent.

FG, 05/06/2019





Récapitulatif de nos échanges avec M. Nghiêm Phong Tuấn :

  • Lettre électronique de M. Nghiêm Phong Tuấn en date du 29 mai 2015 à 11:32.

  • Ma réponse à M. Tuấn en date du 29 mai 2015 à 12:07.

  • Lettre électronique de M. Tuấn en date du 30 mai 2015 à 19:34.

  • Ma réponse à M. Tuấn en date du 30 mai 2015 à 23:11.

  • Ma réponse à M. Tuấn en date du 31 mai 2015 à 10:17 + 22:21 (complément au précédent message).

  • Lettre électronique de M. Tuấn en date du 1er juin 2015 à 11:51.

  • Ma réponse à M. Tuấn en date du 1er juin 2015 à 14:05.

  • Lettre électronique de M. Tuấn en date du 9 juin 2015 à 09:34

  • Ma réponse à M. Tuấn en date du 9 juin 2015 à 10:52.

  • Lettre électronique de M. Tuấn en date du 8 décembre 2015 à 11:33. (message court)

  • Lettre électronique de M. Tuấn en date du 29 décembre 2015 à 17:22. Message court, accompagné de 3 pages d’annotations intéressantes sur mon ouvrage.

  • Lettre électronique de M. Tuấn en date du 28 juin 2017 à 22:44.

  • Ma réponse à M. Tuấn en date du 29 juin 2017 à 09:53.

  • Lettre électronique de M. Tuấn en date du 15 septembre 2017 à 09:29.

  • Lettre électronique de M. Tuấn en date du 8 décembre 2015 à 11:33. (message court)



1  Guillemot, François, Dai Viêt, indépendance et révolution au Viêt-Nam. L'échec de la troisième voie (1938-1955), Paris, Les Indes savantes, 2012.


2  Echanges qui ne seront pas publiés ici à la demande même de M. Tuấn faite dans son premier message pour des raisons familiales. Je respecterai donc ce choix même si je persiste à penser qu'il faut qu'il publie sans trop tarder ses souvenirs sur le sujet.


3  Nguyễn Thch Kiên, Về những k niệm quê hương [De quelques souvenirs du pays natal], California, Phượng Hong, 1996, p. 104.


4  Nguyễn Xuân Phc & Chnh Đạo, Hồi K Nguyễn Xuân Chữ [Mémoires de Nguyễn Xuân Chữ], Houston, Văn Ha, 1996. Sur le parcours de Nguyễn Xuân Chữ lire l’article détaillé de Pierre Huard, « Le Président Nguyễn Xuân Chữ (1898-1967) », Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient, Tome 58, 1971, pp. 271-280. En ligne sur le portail Persée.


5  Selon M. Tuấn, le "pro-Français" évoqué en p. 255 serait Lê Ngọc Chấn.


6  Trương Đình Tri [ou Chi?], membre du Đồng Minh Hội en 1945, ministre de la Santé dans le gouvernement d'union de mars 1946 puis Président du Conseil de Sécurité publique du Nord à partir du 19 mai 1947. Voir Chnh Đạo, Việt Nam niên biểu III. Nhân vật ch, p. 559.


7  Cf. Guillemot, Dai Viêt, p. 428. Notons qu'en cas de réédition et sans nouvelle documentation, je rectifierai par l’ajout du mot ‘futur’ dans ma phrase : "Mais la personne qui devait être visée était en fait le futur gouverneur du Nord".


8  Voir notre ouvrage, p. 411, note 91.


9  Nous parlons ici d'une poignée de militants nationalistes proches du Đại Việt et du VNQDĐ.


10  Cf. Hong Văn Đào, Việt Nam Quốc Dân Đảng, lch sử đấu tranh cch mng cận đại 1927-1954 [Le Parti national du Viêt-Nam, histoire d'une lutte révolutionnaire contemporaine], Saigon, 1970, ch. 1 de la Cinquième partie.


11  Voir le chapitre VIII de mon ouvrage.


12  A ce titre mais pour une période plus tardive, voir les travaux de Trần Th Liên notamment : "Aux origines de la 'Troisième force' : Nguyễn Mnh Hà et la solution neutraliste pour le Sud Viêt-Nam", in Christopher E. Goscha & Karine Laplante, L'échec de la paix en Indochine (1954-1962), Paris, Les Indes savantes, 2010, p. 361-384.


13  Je renvoie les lecteurs aux deux éditions du Guide des fonds d'archives d'époque coloniale : conservés au centre1 des archives nationales à Hanoi, Hanoi, NXB Khoa hc X hội, 1995, 340 p. et édition complétée en 2001, NXB Văn hóa Thông tin, 300 p..


14  Philippe Devillers, Histoire du Viêt-Nam de 1940 à 1952, Paris, Editions du Seuil, coll. "Esprit. Frontière ouvert", 1952, 3e édition revue et corrigée.


15  Notons qu’à ce jour aucune étude spécifique n'a analysé de près ce qui se passe au Sud dans la République autonome de Cochinchine entre 1946 et 1948. C'est pourtant à partir de cet Etat dissident que SM Bo Đại va entreprendre la réunification du Viêt-Nam.


16  Voir à titre d'exemple : Đặng Hữu Th, Lng Hnh Thiện và các nhà nho Hành Thiện triều et Nguyễn Lng Hnh Thiện thời tây hc cho đến năm 1954, Melun, 1992 et 1999, 2 vol. .


17  Voir Nội San Đại Việt, sô 38, Tất Niên 2015, p. 13, 14 et extraits cités p. 25-28.


18  Il est vrai que l'ouvrage débute par des dédicaces, l'une à ma mère, décédée lorsque j'étais encore en thèse, et une seconde à Lê Ngọc Chấn pour des raisons familiales. Cette dernière dédicace pouvait prêter à confusion voire apparaître comme une indication partisane mais tel n'est pas le cas.


19  Cf. son célèbre texte : Paul Veyne, Comment on écrit l'histoire suivi de Foucault révolutionne l'histoire, Paris, Editions du Seuil, Points Histoire H40, 1979, chapitre 1.


20  Voir ses mémoires politiques : Gng kìm lch sử. Hồi k chnh tr, [Etats-Unis], Cơ sở Phm Quang Khai, 2000.

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